Publié le 27/12/2008 à 12:00 par bensaandi
Fertigation de la pomme de terre
(Pr Ahmed Skiredj)
(Département d'Horticulture/IAV Hassan II/ Rabat/ Maroc)
1- Généralités:
+ Les tubercules sont au repos végétatif à la récolte et peuvent germer dès que les conditions du milieu deviennent favorables.
+ La dormance peut être levée par des températures de 15 à 20°C et une HR élevée (90%) durant le stockage ou par l'utilisation de produits chimiques tels que l'acide gibbérellique .
+ La germination est nulle à 2°C et optimale à 20°C, ce qui est important pour le choix de la date de plantation et pour la conservation des tubercules.
+ Le plus important stade durant la phase végétative est la tubérisation qui se produit plus ou moins rapidement selon la variété.
+ La synthèse de substances hormonales par le feuillage induit la tubérisation et le grossissement des tubercules. La tubérisation se déroule en trois phases :
* L'induction qui est la capacité des stolons à tubériser après une période de croissance végétative.
* L'initiation de la tubérisation.
* Et la croissance radiale du tubercule.
+ La durée (croissance végétative- tubérisation) est courte: différentiation des tissus du tubercule et ralentissement de la croissance végétative.
+ Au cours de cette phase d'initiation, on assiste à une division cellulaire active et à une accumulation de l'amidon dans la région subapicale du stolon.
+ La tubérisation a lieu, en général, en période de floraison de la plupart des variétés.
2- Exigences pédoclimatiques:
+ La plante gèle vers (-2°C), mais la sensibilité au froid dépend de la variété.
+ Pour le stockage, il faut une température inférieure à 6°C.
+ Pour la plantation elle doit être au moins égale à 8°C, son optimum est de 12-15 °C.
+ Les optima pour la croissance et la tubérisation sont de 20°C le jour et de 15°C la nuit.
+ Les hautes températures, au-dessus de 30 °C, sont défavorables à la culture, surtout lorsqu'elles sont accompagnées d'une sécheresse du sol et de l'air.
+ Elles favorisent aussi la dégénération des variétés.
3- Exigences édaphiques:
+ La pomme de terre préfère les sols profonds, modérément humides et légèrement acides (pH = 5,5 à 6); ce sont les sols sablo- limoneux qui donnent les meilleurs rendements.
+ Il faut éviter les terrains pierreux, mal drainés, lourds et argileux, à mottes dures.
+ Les rendements de la culture sont fonction de la fertilité ou de la fertilisation, particulièrement organique du sol.
4- Besoins en eau du sol et en humidité de l'air:
+ Besoins importants pendant la phase végétative de la plante et floraison.
+ Souvent , ces besoins restent élevés pendant la formation et le grossissement du tubercule.
+ Un excès d'eau entraîne une aération insuffisante du sol, ce qui entrave le développement des racines et favorise les maladies cryptogamiques.
+ Les besoins hydriques de la pomme de terre sont de l'ordre de 400 à 600 mm selon les conditions climatiques, le type de sol et la longueur du cycle de la culture.
+ La culture est peu exigeante en eau durant la période plantation- levée (20 JAP). Un déficit de 20 à 40 % par rapport à l'ETM n'affecte pas le rendement (essai Doukkala).
+ De la levée (20 JAP) à la tubérisation (40 JAP), la culture est la plus sensible à un déficit hydrique (celui-ci réduit le rendement de 50 à 70 %). Il est obligatoire d'irriguer au mi croissance (stade 30 JAL).
+ La phase «tubérisation (40 JAP)- début grossissement (70 JAP)» est également une phase critique, mais moins importante que la phase précédente. Un stress hydrique appliqué à la fois aux deux phases réduit le rendement de 90 %. Lorsqu'il est appliqué à la 2ème phase uniquement, le rendement est diminué de 17 à 32 %.
+ En condition de sécheresse (culture en bour), si la pluie ne tombe pas pendant les phases critiques, le rendement est perdu à 90-95 %.
+ En cas de possibilité de faire 2 irrigations d'appoint, il est possible d'obtenir de bons rendements en les appliquant aux stades mi croissance (30 JAL) et début grossissement des tubercules (70 JAL).
5- Fertilisation:
+ En tête d'assolement, la pomme de terre nécessite 30 à 40 T de fumier par hectare surtout en culture de primeurs. Après un précédent cultural bien fertilisé, on se contente de 20 T/ha.
+ La rapidité de croissance de la plante limite l'utilisation des réserves minérales du sol. Les rendements seront donc directement liés à la fumure minérale apportée.
+ La pomme de terre préfère les engrais ammoniacaux et à base de soufre, acidifiant le sol.
+ Apporter une fumure équilibrée, surtout sans excès N (retardant la maturation et favorisant la végétation aux détriments de la formation des tubercules).
+ Les doses des éléments fertilisants à apporter diffèrent selon les types de production.
+ Pour la pomme de terre primeur :
L'objectif est de produire un fort tonnage de gros calibre, le plus précoce possible.
++ En conséquence, les apports doivent être largement supérieurs aux exportations minérales de la culture et les formes, rapidement assimilables.
++ Il est conseillé d'apporter les quantités suivantes par ha:
(1) 120- 180 kg d'azote (¼ avant plantation; ½ début tubérisation et ¼ un mois avant récolte).
(2) 150 à 180 kg d'acide phosphorique (2/3 avant plantation; 1/3 au début tubérisation).
(3) 150-200 kg de K2O (¼ avant plantation; ½ début tubérisation et ¼ un mois avant récolte).
+ La pomme de terre de conservation :
++ L'objectif est un rendement élevé et une qualité en tubercules de bon calibre.
++ La fumure préconisée est la suivante (mêmes moments d'apport que pour la culture de primeur):
(1) 100 à 150 kg d'azote.
(2) 80 à 150 kg d'acide phosphorique.
(3) 150 à 300 kg de potasse.
+ Pour la production de plants:
++ L'objectif est de produire beaucoup de tubercules d'un petit calibre.
++ Il faut donc donner à la plante des engrais sous forme directement assimilable.
++ Il faut empêcher le grossissement des tubercules en évitant les excès de N et de K.
++ On peut hâter la maturation par des apports conséquents de P2O5:
(1) N: 50-100 kg/ha (selon la quantité apportée de fumier).
(2) P2O5: 100-200 kg/ha.
(3) K2O: 100-250 kg/ha.
6- Fertigation (TD):
a- Enoncé: Cas d'une exploitation de sol pauvre, sableux, ne recevant pas de fumure de fond, ni organique, ni minérale (le rendement obtenu sur la variété Nicola est de 30 t/ha). L'irrigation fertilisante est pratiquée par T- tape. On irrigue pendant 1 heure/jour (2,5 mm/j) pendant 100 jours, depuis l'installation de la culture d'Octobre jusqu'au 10 Janvier (apport total de 250 mm). La récolte est effectuée fin Janvier. Les apports de N P K durant le cycle de la culture sont les suivants:
+ Durant les 40 jours de la période (20-60 JAP), 8 apports sont effectués, à raison de 30 kg d'ammonitrate, 10 kg de MAP et 30 kg de K2SO4/ha/5 j.
+ Durant les 40 jours de la phase (64-104 JAP), 8 autres apports sont effectués, à raison de 10 kg D'ammonitrate, 5 kg de MAP et de 15 kg de K2SO4/ha/5j.
Que pensez-vous de ces apports? Calculez les quantités apportées d'eau et des éléments minéraux N, P2O5 et K2O. Recommandez une méthode adéquate d'apport (mélange des engrais, équilibre, nombre de bacs utilisés, salinité obtenue). Est-il intéressant de piloter la fertigation selon la conductimétrie? Faire le calcul et l'interprétation en fonction des analyses du sol et de l'eau d'irrigation.
b- Eléments de réponse:
b1- Les apports totaux sont donc de 320 kg/ha d'AN (soit 106,67 kg/ha de N)+ 120 kg/ha de MAP (66 kg/ha de P2O5 +13,2 kg/ha de N) + 360 kg/ha de K2SO4 (soit 165,6=166 kg/ha de K2O), soit un total de 119,87= 120 kg/ha de N + 66 kg/ha de P2O5 + 166 kg/ha de K2O . L'équilibre global des apports est 1-0.55-1.38.
b2 - Comparaison entre recommandations de la fiche culturale et les apports réels:
Elément nutritif
N
P2O5
K2O
Apports (kg/ha)
120
66
166
Recommandations (pour primeurs) (kg/ha)
120-180
150-180
150-200
Déficit par rapport au maximum (kg/ha)
60
114
34
Ces besoins à combler sont équivalents aux apports suivants: 200 kg/ha de MAP + 100 kg/ha d'ammonitrate + 75 kg/ha de sulfate de potasse.
* Par ailleurs, l'apport d'eau par irrigation est de 25 m3= 25.000 litres.
* Si la pompe doseuse est réglée à 5 pour mille, le volume du bac nécessaire pour le mélange des engrais est de V= 25.000 x (5/1000) = 25 x 5 = 125 litres.
Un bac de 200 litres est donc suffisant pour mélanger les engrais une fois par jour pour 1 ha
Mais si le mélange est effectué quotidiennement, la concentration maximale obtenue sera de: 800 kg des engrais (320 kg d'AN + 120 kg de MAP + 360 kg de K2SO4) dilués dans 2500 m3 d'eau (pour un cycle et un ha) = 0.3 mmohs/cm= 0.32 g de sel/l. Cette concentration est faible pendant la phase de grossissement des tubercules; il faut 1.8 mmohs/cm pour obtenir des tubercules de qualité. Le mieux est alors de piloter la fertigation suivant EC et non pas suivant la quantité d'engrais globale à apporter.
La fertigation ne doit pas avoir lieu quotidiennement; il faut irriguer par de l'eau claire et alterner par la solution nutritive.
Pour avoir une EC de 2 mmohs/cm, par exemple, (2,2 g de sel/l), il faut solubiliser 2,2 g/l x 25000 l dans 25000 l d'eau, soit 55 kg d'engrais par irrigation. Or, si durant les 40 jours de la période (20-60 JAP), on apporte 10 apports, à raison de 40 kg d'ammonitrate, 30 kg de MAP et 30 kg de K2SO4/ha /4 j , par exemple, on aura la concentration suivante: 40 + 30 + 30 = 100 kg de sel par fertigation (100 000 g/25000 l = 4 g/l), ce qui est trop fort (risque de salinité). Il est donc conseillé de faire 20 apports à raison de 20 kg d'ammonitrate, 15 kg de MAP et 15 kg de K2SO4/ha/2 j (il suffit d'irriguer un jour sur deux à l'eau claire).
+ Durant les 40 jours de la phase (64-104 JAP) , 5 autres apports seront effectués, à raison de 20 kg d'ammonitrate, 10 kg de MAP et de 30 kg de K2SO4/ha par irrigation, une fois par 8 jours.
b3- Calcul du taux d'injection réel pour avoir une concentration optimale:
* On a besoin d'un bac de plus petit volume. Pour déterminer ce volume, on se basera sur le jour pendant lequel les apports d'engrais sont les plus élevés: 60 kg. Le tableau suivant donne les solubilités des engrais utilisés et les volumes d'eau nécessaires à leur solubilisation:
Engrais
% solubilité
Apports (kg)
Volume minimal d'eau pour la solubilisation des engrais
KNO3
30
0
0
K2SO4
7
30
428,6
MAP
55
10
18,2
HNO3
100
0
0
NH4NO3
110 à 190
20
18,2 (pour 110 % de solubilité)
TOTAL
-
60
465
Un bac de500 litres suffit pour un ha et pour un jour de fertigation intense
Un bac de 1000 l est suffisant pour 1 fertigation de 2 ha.
* Si l'objectif est une concentration de la solution fille de 2,4 g de sel/l d'eau (60 kg de sel/25000 l d'eau) en période de grossissement des tubercules (EC= 2,1 mmohs/cm); quel est le taux d'injection de la pompe doseuse ? La réponse est la suivante :
L'objectif: 2,4 kg pour 1 m3
L'apport: 60 kg pour V= 60 / 2,4 = 25 m3
* La solution mère (500 l) doit être injectée dans 25 m3 d'eau pour fabriquer la solution fille.
Le taux d'injection est donc de 500 l / 25 m3 = 20 pour mille
b4- Temps de vidange du bac: Puisqu'une irrigation dure 1 h et apporte 25 m3 d'eau, alors le temps de vidange du bac de 500 l est d'1 h
b5- Mélange des engrais: Tous les engrais utilisés peuvent être mélangés en même temps puisqu'il n'y a pas de d'incompatibilité entre eux (pas de calcium en mélange avec P).
Publié le 27/12/2008 à 12:00 par bensaandi
Froid
Froid en début de saison
Les dommages par le gel en mai ou en juin portent généralement peu à conséquence, pourvu que le point végétatif soit encore sous la surface du sol, ce qui est le cas jusqu'à ce que le jeune plant atteigne plus ou moins le stade 6 feuilles. Sur les plants plus avancés et/où lorsque les dommages sont plus graves, fendre les tiges pour voir si le point végétatif a été endommagé. Cette vérification prend un certain temps, puisqu'il faudra probablement attendre 3-5 jours après l'épisode de gel pour évaluer avec précision l'ampleur des dégâts et vérifier si les points végétatifs sont sains (blancs jaunâtres et fermes) ou constater la reprise de la croissance foliaire.
Dans certains cas, il arrive que des tissus gelés se décolorent et finissent par prendre la même couleur que la paille plusieurs jours après le gel. Ces tissus peuvent former un « nœud » qui peut nuire à l'expansion des tissus non endommagés qui se situent en deçà du cornet. On a parfois l'impression que le fait de couper ces nœuds en fauchant le champ aide les plants à se remettre, mais le résultat est purement esthétique. Selon des essais menés au fil des ans dans des champs de maïs ayant souffert du gel, le fauchage des champs donne l'impression qu'il aide les plants à verdir, mais les sections non fauchées des mêmes champs se sont souvent remises aussi rapidement et ont donné des rendements égaux sinon supérieurs à ceux des sections fauchées.
Planche 36. Maïs endommagé par le gel à la mi-juin. Les plants plus petits peuvents s'en remettre, mais la croissance des plants plus vieux peut être limitée par les tissus détruits par le gel.
Planche 36. Maïs endommagé par le gel à la mi-juin. Les plants plus petits peuvent s'en remettre, mais la croissance des plants plus vieux peut être limitée par les tissus détruits par le gel.
Il y a très peu de moyens de protéger la culture contre le risque de gel. Voici néanmoins un aperçu des facteurs de gestion qui augmentent les risques de dommages par le gel en cas de baisse de température :
* sarclage des entre-rangs;
* épandage d'azote en bandes latérales (là où le sol est dérangé);
* épandages d'herbicides;
* présence de mauvaises herbes;
* épaisse couche de résidus laissés par la culture précédente.
Si la météo prévoit un risque de gel, les producteurs peuvent choisir de retarder le sarclage des entre-rangs, l'épandage de l'azote en bandes latérales ou les applications d'herbicides jusqu'à ce que les températures se radoucissent. Tout ce qui peut déranger le sol en surface contribue à introduire davantage d'air dans le sol et à isoler les plants de maïs de la chaleur contenue dans la masse de sol. Il s'ensuit une augmentation des risques de dommages par le gel. De la même façon, les résidus de culture et les mauvaises herbes agissent comme un obstacle au transfert de la chaleur du sol vers les plants de maïs. Par ailleurs, les sols secs sont plus vulnérables aux dommages par le gel, étant donné qu'ils sont moins en mesure de retenir la chaleur le jour, ce qui réduit la quantité de chaleur pouvant être transférée aux plants de maïs pour les protéger pendant la nuit.
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Froid en fin de saison
Des températures froides au stade du remplissage du grain en août et septembre peuvent amener des baisses de rendement et de qualité. L'ampleur des pertes dépend du stade phénologique du maïs et des températures enregistrées.
Lorsque les températures tombent à 0 °C (32 °F), le gel endommage d'abord les feuilles, ce qui met un terme à la photosynthèse, réduit le remplissage du grain et a souvent des répercussions négatives sur la vigueur de la tige. Toutefois, tant que les températures de l'air ne tombent pas sous les -2 °C (28 °F), les tissus de la tige restent viables et les éléments constituant la tige sont mobilisés pour remplir l'épi le plus possible. Si, par contre, les températures chutent sous les -2 °C (28 °F), à la fois les feuilles et les tiges peuvent être endommagées, ce qui met un terme à la fois à la photosynthèse et à la remobilisation des éléments nutritifs. Le remplissage des grains est alors stoppé et le point noir apparaît dans le grain. Le tableau 3-28, Risques estimatifs de baisse du rendement et de la qualité du maïs-grain associés aux dommages causés par le gel en fin de saison, décrit les risques potentiels sur les plans du rendement et de la qualité du maïs-grain liés à différents niveaux de dommages dus au gel.
Tableau 3-28. Risques estimatifs de baisse du rendement et de la qualité du maïs-grain associés aux dommages causés par le gel en fin de saison Stade de croissance de la culture Dommages par le gel Perte de
rendement
en grain
estimative Problèmes de
qualité du grain
Mi-pâteux
Plant au complet
40%
Graves
Mi-pâteux
Feuilles seulement
25%
Graves
Début de l'apparition de la dent
Plant au complet
25%
Moyens
Début de l'apparition de la dent
Feuilles seulement
15%
Moyens
Ligne de maturité 1/2
Plant au complet
10%
Mineurs
Ligne de maturité 1/2
Feuilles seulement
0-5%
Inexistants
Nota : Ce tableau se veut un guide; les différences entre hybrides, la vigueur d'ensemble du plant au moment du gel et les températures subséquentes ont toutes une influence sur le rendement en grain et la qualité du grain.
En général, les producteurs reconnaissent que le début de l'apparition de la dent correspond au point tournant à partir duquel le maïs peut supporter les dommages aux feuilles causés par le gel sans qu'il n'y ait de grandes répercussions sur le rendement en grain. Ce stade est caractérisé par l'apparition d'un creux au sommet du grain, qui prend la forme d'une dent, à tout le moins dans la partie inférieure de la rafle.
Même en l'absence de dommages par le gel, les producteurs craignent que plusieurs nuits froides d'affilée ne compromettent le remplissage du grain. Dans une étude menée à l'Université de Guelph, M. Thys Tollenaar a constaté que les nuits froides où les températures étaient tombées à 2 °C, la photosynthèse et la vitesse de remplissage du grain s'étaient trouvées réduites de 50 %. Toutefois, une fois soumis à des températures plus clémentes, les mêmes plants avaient repris leur activité et affichaient des taux de croissance comparables à ceux des plants qui n'avaient pas du tout été exposés aux températures froides. Pourvu que le maïs puisse échapper à des dommages graves par le gel durant les nuits froides, le remplissage du grain devrait se poursuivre après le retour des températures normales.
Dans certains cas, les dommages par le froid empêchent les producteurs de récolter le maïs sous forme de grain et les obligent à le récolter comme ensilage. Différents points importants sont à considérer au niveau de la gestion de l'ensilage. À la suite d'un gel, le maïs d'ensilage qui a gelé avant que la ligne de maturité n'atteigne la moitié de la hauteur du grain (ligne de maturité 1/2) risque de renfermer trop d'humidité pour se prêter à l'ensilage. Idéalement, dans les cas de gel, la récolte de maïs doit être retardée jusqu'à ce que le plant entier atteigne la teneur en eau souhaitée pour l'ensilage.
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Chaleur
Le stress dû à la chaleur est différent du stress dû à la sécheresse. Le maïs peut habituellement tolérer des températures aussi élevées que 38 °C (100 °F) avant de subir des dommages, dans la mesure où il n'est pas en même temps soumis à la sécheresse. Les sensibilités à la température et à la sécheresse varient d'un hybride à l'autre. Les hybrides tolérant la sécheresse peuvent donner des résultats décevants; ils ne constituent sans doute pas un bon choix les saisons normales.
Inondation
Un sol inondé impose un stress au plant en privant les racines d'un approvisionnement en oxygène. Les plants plus jeunes meurent s'ils sont submergés dans l'eau pendant plus de 5 jours, particulièrement si le temps est doux. Si les températures sont élevées, la mort peut survenir en quelques jours seulement du fait que les processus végétaux se trouvent accélérés et que les racines ont alors grandement besoin d'oxygène. Si le temps est plus frais, les plants submergés peuvent survivre jusqu'à une semaine. Passé le stade 8 feuilles, les plants de maïs peuvent tolérer d'être submergés dans l'eau pendant plus de 8 jours, mais peuvent alors être plus susceptibles à la maladie et peuvent voir leur croissance racinaire ralentie pendant la durée de l'inondation. Les pertes de rendement dues aux inondations sont plus graves pour les plants submergés immédiatement avant ou pendant les floraisons mâle (formation de la panicule) et femelle (apparition des soies). Les plants qui sont aux stades végétatifs de 10-16 feuilles et/ou durant la période de remplissage du grain réagissent peu aux inondations.
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Sécheresse
Une culture de maïs a besoin d'environ 50 cm d'eau pour produire des rendements élevés. Cette eau provient de l'eau emmagasinée dans le sol, des précipitations ou de l'eau d'irrigation.
Le manque d'eau fait flétrir les feuilles et donne aux plants une couleur grisâtre.
Planche 1. Guide des symptômes de carence nutritive. Traduction libre de « Guide to Nutrient Deficiency Symptoms » réimprimé avec l'autorisation du Saturday Evening Post © 1957 (renouvelé), BFL&MS, Inc.
Planche 1. Guide des symptômes de carence nutritive. Traduction libre de « Guide to Nutrient Deficiency Symptoms » réimprimé avec l'autorisation du Saturday Evening Post © 1957 (renouvelé), BFL&MS, Inc.
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Planche 37. Le stress dû à la sécheresse affecte surtout les rendements du stade de la formation de la panicule à celui de l'apparition des soies.
Planche 37. Le stress dû à la sécheresse affecte surtout les rendements du stade de la formation de la panicule à celui de l'apparition des soies.
C'est entre le moment de la formation de la panicule mâle et celui de l'apparition des soies que le maïs souffre le plus de la sécheresse et que celle-ci peut occasionner des pertes de rendement si le maïs est soumis à un autre stress (voir figure 3-3, Manque d'eau).
Figure 3-3. Manque d'eau.
Figure 3-3. Manque d'eau. Présentation schématique du lien entre l'âge de la culture et le pourcentage de diminution de rendement attribuable à une journée de stress hydrique. Les lignes du haut et du bas représentent les réductions de rendement les plus fortes et les plus faibles obtenues au cours des expériences. La ligne du centre représente la réduction moyenne. Source : Corn and Corn Improvement (1988). Sprague et Dudley, rédacteurs.
Présentation schématique du lien entre l'âge de la culture et le pourcentage de diminution de rendement attribuable à une journée de stress hydrique. Les lignes du haut et du bas représentent les réductions de rendement les plus fortes et les plus faibles obtenues au cours des expériences. La ligne du centre représente la réduction moyenne. Source : Corn and Corn Improvement (1988). Sprague et Dudley, rédacteurs.
Pendant les stades végétatifs qui suivent (V8-V14), la sécheresse peut en fait être bénéfique aux plants puisqu'elle force les racines à s'enfoncer rapidement dans le sol. Par contre, une période de sécheresse durant l'apparition des soies peut nuire à la pollinisation et empêcher les soies d'apparaître. Quant à une sécheresse après le stade de l'apparition des soies, elle peut nuire au remplissage des grains.
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Grêle
Les champs de maïs endommagés par la grêle peuvent présenter une surface foliaire réduite, des épis et des tiges meurtris et, dans des cas graves, des tiges brisées.
Planche 38. Les pertes de rendement les plus grandes attribuables à la grêle surviennent lorsque le maïs est défolié au stade de la formation de la panicule.
Planche 38. Les pertes de rendement les plus grandes attribuables à la grêle surviennent lorsque le maïs est défolié au stade de la formation de la panicule.
Les pertes de rendement dues à la grêle dépendent du stade de la culture au moment où la grêle se produit et de l'ampleur de la défoliation. Les pertes de rendement les plus grandes surviennent lorsque le maïs est défolié durant la formation de la panicule mâle. Les plants plus jeunes peuvent voir leur croissance et leur développement retardés par la grêle, sans toutefois que les rendements n'en souffrent beaucoup. La défoliation des plants qui sont presque à maturité cause en général des pertes de rendement négligeables. Consulter le tableau 3-29, Pourcentage estimatif de pertes de rendement dans le maïs-grain par suite de la défoliation à divers stades de croissance, pour évaluer les pertes de rendement attribuables aux dommages par la grêle. Les dommages par la grêle peuvent par ailleurs offrir une porte d'entrée à des maladies comme le charbon.
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Oiseaux
Les oiseaux peuvent endommager les plantules en train de lever. Toutefois, les dommages les plus graves touchent le grain en août et en septembre.
Planche 39. Dommages atrribuables aux oiseaux sur des épis de maïs.
Planche 39. Dommages attribuables aux oiseaux sur des épis de maïs.
Les oiseaux mangent les grains à même la rafle, ce qui cause des pertes de rendement directes. Les dommages aux grains peuvent par la suite offrir une porte d'entrée aux moisissures. Les dommages causés par les oiseaux peuvent être facilement confondus avec les dommages aux plantules causés par le ver-gris noir ou les dommages aux épis causés par les sauterelles. Des bruiteurs comme les AV Alarm®, des canons au propane, des détonations et la sirène de marque Phœnix ainsi que des enregistrements de cris d'oiseaux en détresse peuvent réussir à tenir les oiseaux à distance si plus d'une technique est utilisée et que les réglages ou les sources de bruit sont changés fréquemment. Si les oiseaux ou les animaux sauvages causent passablement de dégâts, communiquer avec le ministère des Richesses naturelles pour connaître les méthodes de lutte envisageables.
Publié le 27/12/2008 à 12:00 par bensaandi
Le manioc
par Laure Bichon
Le manioc est cultivé essentiellement pour ses racines (tubercules), qui entre dans l'alimentation quotidienne de nombreuses populations, surtout africaines.
On utilise aussi ses feuilles et accessoirement ses tiges qui servent parfois à préparer un sel alimentaire.
La production
Le manioc est originaire d'Amérique du Sud. Il est produit dans les pays tropicaux et subtropicaux d'Amérique, d'Afrique et d'Asie. Selon les pays, il prend différents noms: cassava dans les pays anglophones d'Afrique, tapioca (Malaisie, Indonésie, Inde, Pacifique), manihot, mandioca et uca en Amérique latine, bafilinapaka (République malgache), Bankye (Ghana), Agbeli (Togo) et mandioka (Gambie).
C'est la septième culture mondiale en surface cultivée. Le Brésil est le plus gros producteur (25,5 % de la production mondiale). Viennent ensuite l'Indonésie (12 %), le Nigeria (10,3 le Zaïre (9,4 %), la Thaïlande (7,5 %).
L'Amérique du Sud et l'Asie exportent la majeure partie de leur production, tandis qu'en Afrique, celle-ci est consommée localement. Il existe de plus en plus de recherche sur le manioc du fait de l'intérêt croissant qui lui est porté comme culture d'exportation.
La culture - la plante
La culture se fait surtout en zone forestière en Afrique, mais les méthodes de culture autochtones en savane ou en forêt sont à peu près les mêmes. Le sol reçoit peu de préparation, parfois il est simplement défriché par brûlis. La multiplication se fait par bouturage. L'entretien est simple et ne demande que deux à trois sarclages. Le manioc demande peu d'engrais. Il peut être associé à d'autres cultures (mais, arachide, sésame). Il se cultive pendant la saison des pluies.
Le manioc s'accommode de terres médiocres, procure toujours un rendement, s'adapte aux conditions climatiques sévères (il ne craint pas les fortes pluies, est très résistant à la sécheresse), est peu sensible aux maladies et aux attaques des prédateurs. La récolte annuelle n'est pas obligatoire: les tubercules peuvent être conservées dans le sol plusieurs mois (intérêt pendant la période de soudure).
Tous ces avantages expliquent son expansion, aux dépens des cultures de mais et d'igname plus exigeants en travail. Cependant, cette expansion n'est pas sans danger: le manioc a un impact négatif sur la fertilité des sols déjà pauvres, et surtout, utilisé comme aliment principal, il constitue une menace de malnutrition comme nous le verrons plus loin.
Les racines ou tubercules sont en nombre variable, en direction oblique dans le sol et mesurent de quarante centimètres à deux mètres de long. Selon la teneur en acide cyanhydrique de ces tubercules, on peut grouper les nombreuses variétés de manioc en deux catégories principales:
* le manioc doux: cultivé pour la consommation locale de ses tubercules;
* le manioc amer: surtout utilisé pour la préparation de fécule et d'autres dérivés.
Composition du tubercule - toxicité
1. Rappel
Une ration alimentaire est satisfaisante si elle apporte:
* suffisamment de calories, donc si elle est en quantité suffisante;
* un équilibre entre les glucides, lipides, protides qui sont les constituants de base des aliments;
* des acides aminés indispensables (qui forment les protéines) car l'organisme ne sait pas les fabriquer;
* des substances minérales (fer, iode, phosphore, calcium, etc.) et des vitamines (A, B, C, D ... ).
2. Composition du tubercule de manioc frais
Il a une forte teneur en calories: 125 à 140 Kcal pour 100 g de manioc frais et pelé.
Eau: 60 à 70 %.
Glucides: 32 à 35% (amidon surtout).
Protides: 1,5 %.
Cellulose: 3 à 4%.
Lipides: 0,2 à 0,5%.
Le tubercule est surtout constitué de glucides, c'est donc un aliment énergétique. Il apporte beaucoup de calories. Il produit à l'hectare une plus grande quantité de calories que le riz et le sorgho mais il est plus déséquilibré.
Il est très pauvre en lipides (graisses) et en protides. De plus, ses protides sont dites de mauvaise qualité car ils ne contiennent que très peu de méthionine, acide aminé indispensable. Le tubercule est d'autre part pauvre en substances minérales (calcium, fer, phosphore) et en vitamines (il y en a encore moins dans les produits préparés à partir du tubercule). Il doit donc être associé à des aliments riches en protides et en lipides pour constituer une ration alimentaire équilibrée.
3. Toxicité
Le tubercule frais contient de l'acide cyanhydrique (surtout dans la variété amère) qui est une substance toxique: c'est un poison de l'hémoglobine des globules rouges. De plus, il provoque des troubles de la thyroïde en empêchant l'iode de s'y fixer (goitres, ralentissement de la croissance chez l'enfant ... ). Ce poison est facilement éliminé par cuisson, séchage au soleil, fermentation. Il est en quantité plus importante dans l'écorce que l'on élimine lors de la préparation. Par conséquent, lorsque le manioc est bien préparé, il ne renferme plus de trace d'acide cyanhydrique. Cependant, il n'est pas rare d'observer des problèmes de toxicité chronique (mauvais stockage des tubercules, mauvaise préparation).
Les produits du manioc
Produits locaux consommés surtout en Afrique.
Le rouissage est la fermentation de la racine dans l'eau pendant deux à trois jours (détoxification). Selon les pays, il existe différentes préparations et différentes appellations dont voici quelques exemples :
Partie méridionale gari
du Nigéria: kpokpogari
lafun
fufu
Ghana: gari
kokonte
agbeli kaklo
fufu
ampesi
Togo: gari
yakayake
agbeli kaklo
Gambie: gari
Bénin: gari
Afrique orientale: farine de manioc
pour uji et ugali
* Préparation du gari (très répandu): les tubercules lavés et épluchés, sont râpés à la main pour obtenir une pulpe fine. Celle-ci est introduite dans des sacs de chanvre grossier que l'on ferme Ces sacs sont pressés entre des planches ou des pierres pour éliminer l'excès d'eau et on les laisse reposer pendant trois ou quatre jours pour produire une fermentation (pendant les deux premiers jours de fermentation, on remarque une odeur d'acide cyanhydrique, qui disparaît ensuite). La masse de pâte fermentée est concassée, tamisée grossièrement, mise à sécher. La semoule ainsi obtenue peut être ensuite frite dans un peu d'huile.
* Le terme de fufu s'applique à divers produits en Afrique occidentale; en général c'est un aliment pilé ou bouilli pour former une pâte épaisse (fufu à base de manioc bouilli, taro, igname, plantains). Le fufu nigerian est particulier puisqu'il s'agit de manioc fermenté non séché, auquel on ajoute de l'eau froide et que l'on fait cuire jusqu'à formation d'une pâte épaisse.
* Le bâton de manioc est constitué par la pâte cuite enroulée dans une feuille de manioc.
* En dehors du tubercule, les feuilles peuvent être utilisées pour préparer des sauces. Ces feuilles sont riches en minéraux (calcium, phosphore) et beaucoup plus riches en protéines que les tubercules.
* Le manioc est également utilisé dans l'industrie pour la préparation de l'amidon, de la fécule, du tapioca, de biscuits, de pâtes alimentaires, de colles, de glucoses, etc.
Apport nutritif du manioc
Le tubercule de manioc possède certains avantages sur le plan nutritionnel: il est riche en calories, et peut être très utile pendant la période de soudure.
Cependant, l'extension de sa culture présente de gros inconvénients:
il supprime la faim mais apporte peu de protéines, qui, par surcroît, sont de mauvaise qualité. Il provoque donc des malnutritions protéiques. On constate d'ailleurs que les cartes de malnutrition protéique (kwashiorkor) coïncident avec les régions où les enfants sont principalement nourris à base de manioc et de bananes.
La valeur protéique du manioc est inférieure à celle des autres tubercules (igname, taro), en revanche, la consommation des jeunes feuilles et tiges de manioc (pratiquée à Sumatra, Java et dans d'autres régions asiatiques, mais peu usuelle en Afrique et en Amérique) permet une amélioration sensible de l'équilibre nutritionnel et doit donc être encouragée.
Dans les zones rurales, surtout en Asie, la culture des céréales est remplacée par le manioc car il permet un gain de terres par son rendement à l'hectare. Dans les villes, il est par contre concurrencé par le pain.
En conclusion, le manioc doit être considéré comme une source de calories intéressante pour les adultes, à dose limitée, à condition que sa culture s'intègre dans un ensemble diversifié de céréales, légumineuses, légumes et fruits, et que du poisson ou de la viande ou du lait soient disponibles. Il est en effet possible, à faible coût, de compléter les régimes à base de tubercules.
L'importance de la diversification des cultures doit être rappelée. L'encouragement à la culture d'une seule plante risque de provoquer des malnutritions (surtout protéiques - particulièrement vraies dans le cas du manioc). Ce risque est plus grand pour les enfants.
Références bibliographiques
A. Bergeret: Nourris en harmonie avec l'environnement (Mouton - La Haye).
F. Bussons (1965): Plantes alimentaires de l'Ouest africain.
Statistiques de la FAO 1979-1980.
M. Aufret (1957): Racines et tubercules, nutrition et alimentation tropicale.
R. Cerighelli (1955): Cultures tropicales, plantes vivrières.
Développement et Santé, n°35 octobre 1981
Publié le 27/12/2008 à 12:00 par bensaandi
I- Identification du problème
Notre stage a été placé dans le cadre d'une recherche sur le développement de la culture du manioc dans la région d'Adiaké. Le problème majeur à résoudre est la dégradation des sols sous l'action de la culture continue du manioc et des pratiques culturales afférentes.
La culture itinérante a été largement pratiquée dans le monde entier pour la régénération des sols. Ce système est durable tant qu'il y a suffisamment de terre, pour permettre au sol de récupérer jusqu'à ce que sa productivité originelle soit rétablie; tout dépend également des connaissances et de l'expérience des agriculteurs eux-mêmes. Cependant il tend à disparaître sous l'action conjuguée de la densification de la population et de l'occupation anarchique des terres. A cette action s'ajoute l'intensification de la culture du manioc, dans la région d'Adiaké, qui est un accélérateur de cette dégradation. Puisqu'il n'y a pas suffisamment de terre, pour pratiquer la culture itinérante du manioc, il faudra trouver un système de culture à base de manioc qui permettrait une utilisation durable des terres.
II- Définition des objectifs d'étude
Pour apporter des solutions au problème de dégradation des sols dans la Commune d'Adiaké, la Ferme Yobié s'est fixée comme objectif majeur de mettre au point des systèmes de culture à base de manioc, permettant de réduire les risques de dégradation des sols. Pour notre étude, nous avons choisi le manioc « cultivar M24 » que l'on rencontre dans les concessions où il est utilisé comme plante ornementale. La Ferme l'a introduite dans son parc à bois. D'abord, il a présenté un intérêt pour les poulets en leur servant d'abri, de perchoir et d'ombrage. Deux ans après sa mise en place, l'on s'est rendu compte qu'en plus de ses vertus ornementales, le « cultivar24 » pouvait être consommé par l'homme avec une production en tubercule pouvant atteindre 50 kg par pieds. Nous avons l'expérimenté ce manioc afin d'en savoir quels seraient les atouts et les contraintes dans un système de culture à base de manioc. Pour l'étudier, nous lui avons affecté le code « cultivar M24 » pour mettre en évidence la durée de son cycle de 24 mois, puisqu'il existe déjà sur la Ferme des cultivars de 6, 12 et 18 mois.
Nos objectifs d'étude sont :
- l'élaboration des connaissances sur le « cultivar M24 », où il s'agissait d'abord de mettre en place un dispositif qui permettrait de l'observer en grande culture. Ensuite, des observations ont été faites sur la façon dont les branches se développaient au niveau de la population existante sur la ferme. Enfin, nous avons fait une étude comparative du comportement des boutures de longueurs différentes.
- la mise en place d'un système de culture à base du «cultivar M24», où il s'agissait de trouver des cultures qui pourraient rapidement couvrir le sol que la culture du manioc laisse nu pendant une longue période (4 à 5 mois). ces cultures devront apporter des productions commercialisables avant la récolte du manioc. Pour ce faire, nous avons choisi d'étudier les associations avec les le potiron qui est beaucoup utilisé lors du jeûne des musulmans en remplacement du choux importé, le maïs qui intervient dans la formulation d'aliment de bétail et dans l'alimentation humaine avec la forte présence de populations Dioula et étrangère (Burkinabé, Togolais, Maliens etc.), et la « pistache » qui est couramment utilisées comme plante de couverture sous la culture du manioc.
Le, potiron et la «pistache» sont utilisés comme plante de couverture. Quant au maïs, il a été choisi pour fournir la paille sous la culture de manioc.
La culture associée devra apporter une protection du sol contre l'érosion et/ou le développement des plantes adventices et des revenus aux agriculteurs.
A la fin du cycle des cultures, il est prévu l'adoption de techniques de régénération du sol (jachères courtes, culture de régénération).
Du fait de la durée de notre stage (3mois), notre étude s'est limitée seulement aux trois premiers mois du cycle des cultures. Les précédents culturaux et les cultures actuelles du système sont pris en compte.
DEUXIEME PARTIE : ETUDE DU SYSTEME DE CULTURE A BASE DE MANIOC
I- Matériels
1- Matériel végétal
Il est constitué du manioc «cultivar M24», du potiron, du maïs jaune précoce et de la « pistache».
1-1- Le manioc «cultivar M24»
Il est connu dans la Commune d'Adiaké sous le nom de « manioc fleur» et sert de plante ornementale. La Ferme lui a donné un code d'étude : «cultivar M24». Sa multiplication s'est faite par bouture à partir de la population existante déjà sur la Ferme (Photo 1).
Photo 1: Le parc à bois de "Cultivar M24"
Taxonomie
Règne : Plantes
Division : Magnoliophyta
Classe : Magnoliopsida
Ordre : Euphorbiales
Famille : Euphorbiacées
Genre : Manihot
Espèce : Manihot esculenta
1-2- Le potiron
C'est une plante de la famille des cucurbitacées que nous avons expérimentée comme plante de couverture dans le premier dispositif. C'est un cultivar (une variété communément cultivée dans les terroirs d'Adiaké) qui a été multiplié par une pépinière mise en place 2 semaines avant le début de l'étude, puis repiqué.
Taxonomie
Règne : Plantes
Division : Magnoliophyta
Classe : Magnoliopsida
Ordre : Violales
Famille : Cucurbitacées
Genre : Cucurbita
Espèces : Cucurbita spp.
1-3- Le maïs
Il s'agit du maïs jaune corné d'origine caribéenne obtenu du CIMMYT (Centre International pour l'amélioration du maïs et blé, sis au Mexique) grâce au CNRA (Centre National de Recherches Agronomiques). Il a été déjà introduit dans le système de culture, puisqu'il a fourni la paille sur le carré 1. Cette culture de maïs a servi de culture associée au manioc.
Taxonomie
Règne : Plantes
Division : Magnoliophyta
Classe : Liliopsida
Ordre : Poales
Famille : Poacées
Genre : Zea
Espèce : Zea mays
1-4- La «pistache»
Tout comme le potiron, c'est une plante de la famille des cucurbitacées. Elle a été utilisée comme plante de couverture dans troisième dispositif. C'est un matériel tout-venant, utilisé en semis direct.
Taxonomie
Règne : Plantes
Division : Magnoliophyta
Classe : Magnoliopsida
Ordre : Violales
Famille : Cucurbitacées
Genre : Citrullus
Espèce : Citrullus sp.
2- Matériels de travail
Il s'agit d'outils, comme ceux utilisés par les agriculteurs du terroir, utilisés pour la réalisation de nos différents travaux (tableau 1).
Désignations
Description
Utilisations
Machettes
Manche en bois de 10 cm+une lame de 50 cm avec un bout carré ou courbé
- désherbage
- abattage des arbustes
Dabas
manche en bois de 30 à 40 cm+lame triangulaire ou rectangulaire
- Sarclage
- Semis du maïs et de la « pistache »
- Extirpation des rhizomes de chiendent et de fougère
Haches
Manche métallique ou en bois de 45 à 50 cm+Lame quasi rectangulaire
Coupe des grosses racines de Chromolaena odorata et des arbustes
Râteaux
Manche en bois de 150 à 200 cm avec 10 à 15 dents métalliques, fixées à un support métallique
Préparation du lit de semis du maïs
Piquets
Bâton de bois ou de bambou avec un bout affiné pour être enfoncé dans le sol
- Délimitation des parcelles
- Gabarit de mesure des dimensions
- Alignement des cultures
Rouleaux de corde
Corde de longueur pouvant aller jusqu'à 50 m enroulée sur un support en bois
- Délimitation des allées de circulation
- Alignement des cultures
Tableau 1:Présentation du matériel de travail
II- Méthodes
Nos travaux ont été effectués sur la parcelle « centre-nord parcelle 1 » de la Ferme Yobié, qui est affectée à la culture du manioc «cultivar M24». Cette parcelle a été divisée en trois carrés (figure 2). Sur chaque carré, on devait rechercher une culture associée pour le manioc. Cette culture devait couvrir le sol que la culture du manioc laisse nu durant les quatre à cinq premier mois de son cycle.
Carré 1
Carré 2
Carré 3
20 m
28,5 m
37 m
58 m
2 m
2 m
Légende : Allées de circulation entre les carrés
Figure 3: Les trois carrés de la parcelle d'étude
Avant la culture du manioc «cultivar M24», la parcelle a connu des précédents culturaux. Sur le carré 1, il y avait une culture de maïs en association avec du haricot. Sur le carré 2, seulement du maïs et sur le carré 3, une jachère dominée par le chiendent et une fougère.
Le manioc vient en succession de ces précédents culturaux et comme cultures associées, le potiron, le maïs et la «pistache» ont été choisis comme pour la couverture et/ou pour la production de paille (confection de mulch).
Des observations et mesures ont été faites, en préparation de l'analyse des hypothèses d'étude.
La figure 3 ci-après présente le dispositif expérimental décrivant trois types de systèmes de culture à base de manioc, que nous avons utilisé pour notre étude.
Etat initial de la parcelle
Partition
Jachère
Carré 3
Carré 2
Carré 1
1
Jachère
Mise en culture
Mise en culture
Chiendent + fougère
Maïs
Maïs + Haricot
Récolte
Récolte
Défrichement
Défrichement + brûlis des résidus
Défrichement
Mise en culture
Mise en culture
Mise en culture
2
Manioc
Maïs
Manioc
1 mois avant buttage du maïs
Paillage avec résidus de maïs
Immédiatement
Manioc dans maïs
Potiron dans manioc
«pistache» dans manioc
Fin du cycle des cultures
Etat de fin de Succession
3
Culture de régénération du sol
Légende :
1
: Cette étape marque les opérations et les cultures intervenues avant le début de notre étude ;
2
: Notre stage s'est effectué au cours de cette période (du 16 août 2006 au 16 Novembre 2006) avec la mise en place des cultures et le début des observations sur les performances du système ;
3
: Cette période prend en compte la fin du cycle des cultures et le choix d'une bonne culture de régénération du sol qui marquera la fin de la succession.
Figure 4:Dispositif expérimental décrivant les trois types de système mis en essai
1- Mise en place et entretien des cultures
Les travaux sur le terrain ont débuté par un défrichement de toute la parcelle. Son exécution s'est faite par un nettoyage de la végétation et des restes de culture. La mise en place des cultures a progressé du carré 1 au carré 2 et au carré 3 (tableau 2).
Tableau 2: Chronologie de la mise en place des cultures
Opérations culturales
Périodes et référentiels
Carré 1
Mise en terre des boutures de manioc
Référentiel
Paillage suivi de Repiquage du potiron
4 jours après
Sarclage dans potiron
34 jours après
Fumure dans potiron
58 jours après
Carré 2
Semis du maïs
Référentiel
Mise en terre des boutures de manioc
11 jours après
sarclage dans maïs
20 jours après
Fumure dans maïs
33 jours après
Buttage sous culture de maïs
41 jours après
Carré 3
Mise en terre des boutures de manioc
Référentiel
Sarclage dans manioc
1 jours après
Semis de la «pistache»
8 jours après
Les mises en place des cultures, dans les trois cas, ont été basées sur les hypothèses suivantes :
v Au niveau du carré 1, trois hypothèses ont été émises :
- le mulch comme technique pour protéger la surface du sol contre le dessèchement et l'enherbement, le maïs et le haricot ayant donné une bonne production de résidus pour faire le paillage;
- le potiron comme plante de couverture ;
- étude du développement des tiges sur les boutures.
v Sur le carré 2, il s'agissait d'exploiter la paille de maïs pour faire du mulch sous la culture du manioc.
v En ce qui concerne le carré 3, le dispositif mis en place visait à étudier la dominance apicale dans l'entrée en activité des bourgeons sur les boutures érigées. L'association avec la « pistache » permet d'élargir la gamme des plantes de couverture sous le « cultivar M24 ».
1-1- Cas du carré 1 : Association Manioc-Potiron
1-1-1- Mise en terre des boutures de manioc «cultivar M24»
La mise en terre des boutures de 60 cm a eu lieu sur un sol couvert des résidus végétaux. Les boutures ont été plantées de façon érigée (90°). La partie souterraine a été enfoncée à 10 cm dans le sol. La plantation s'est faite en ligne avec les écartements de 3m entre les lignes et de 2m sur les lignes. Cette géométrie nous a donné, sur les 1218 m2 du carré, 8 lignes de 30 boutures chacune, soit un effectif 240 boutures.
1-1-2- Repiquage du potiron
Le repiquage s'est déroulé quatre jours après la mise en terre des boutures de manioc. Il a débuté par la création de huit zones de 2m de large et de 21m de long, perpendiculaires aux huit lignes de boutures et espacées de 6m. Ces zones sont débarrassées de végétaux (débris inclus). Pour la suite des travaux, ces zones ont été baptisées « couloirs de repiquage ».
Lors de la création des couloirs, les résidus enlevés ont été étalés sur les autres parties du carré pour faire du mulch. Le repiquage du potiron s'est fait, dans les couloirs dits de semis. Par couloir, on avait sept positions qui devaient être occupées par un nombre variable de plants de potiron. L'effectif et la disposition des plants devaient permettre une couverture totale du carré et empêcher les lianes de progresser dans les allées de circulation. Pour ce faire, nous avons repiqué 130 plants de potiron avec une disposition qui devait être appuyée par une orientation des lianes pour arriver à une couverture totale (Figure 4). Les écartements, entre les poquets de repiquages, sont de 8 m entre couloirs et de 3 m dans les couloirs.
Après le repiquage du potiron, deux autres types de couloirs ont été crées. Il s'agissait d'une zone nue qui sépare deux zones de paillage. Les zones nues ont été baptisées « couloirs de rencontre et les zones de paillage ont été baptisées « couloirs de paille » ; Chaque couloir comprenant sept parcelles élémentaires.
Les couloirs de semis sont des zones de départ des plantes de potiron. Dans ces zones, il y a des plantes orientées vers les autres types de couloirs et des plantes destinées à y rester. Les couloirs de paille sont des zones d'arrivée de rames en provenance d'un même couloir et la couverture des parcelles élémentaires y est assurée par des plantes solitaires. Les couloirs de rencontre sont des zones d'arrivée de rames en provenance de deux couloirs consécutifs et la couverture des parcelles élémentaires y est assurée par deux plantes. Il s'agissait pour nous de savoir si le potiron allait couvrir totalement le sol et à quelle date.
NB : une parcelle élémentaire est un rectangle de 3 m de long et 2 m de large, formé par quatre boutures de manioc. 3 m
8 m
2 m
3 m
Légende :
Boutures de manioc
Couloirs de rencontre
Plants de potiron et leurs orientations
Couloirs de repiquage
Couloirs de paille
Figure 5: Dispositif de mise en place du manioc et du potiron
1-1-3- Entretien des cultures
1-1-3-1- Paillage
Il s'agissait d'un mulch confectionné avant et après le repiquage du potiron sur les parties du carré où on n'y avait pas de plants de potiron. Celui-ci était constitué des restes de précédents culturaux (maïs et haricot) et des résidus issus du défrichement. Les résidus ont été soigneusement étalés et tassés afin de bien recouvrir le sol. Le rôle du mulch est de :
- réguler la température du sol en maintenant une certaine ;
- maîtriser le développement des plantes adventices en interceptant le rayonnement solaire nécessaire à la germination ;
- ralentir l' évaporation de l' eau et maintenir l' humidité dans le sol ;
- garder un sol meuble, éviter que la terre ne durcisse, ce qui diminue les travaux de sarclage et binage ;
- enrichir le sol en matière organique et en nutriments grâce à la dégradation du matériau de paillage ;
- améliorer progressivement les conditions de culture en procurant une surface propre et sèche aux fruits comme les courges, les melons ou les fraises reposant sur le sol.
1-1-3-2- Sarclage
Le premier sarclage manuel a été effectué 34 jours après la mise en terre des boutures de manioc. Les plantes adventices qui se développaient dans les couloirs de semis et autour des boutures ont été éliminées. Les résidus ont été ramassés, secoués (pour éliminer le sable) et étalés sur le mulch pour renforcer celui-ci.
1-1-3-3- Fumure
Une fumure de 2 kg de NPK 10-18-18 a été apportée 58 jours après la mise en terre des boutures de manioc. Cet apport visait à corriger une carence minérale observée sur les plantes de potiron (jaunissement et une nécrose des feuilles à la base)
1-2- Cas du carré 2 : Association manioc Maïs
1-2-1- Préparation du lit de semis du maïs
La culture du maïs a été mise en place avant celle du manioc. D'abord les résidus issus du défrichement ont été mis en tas et brûlés. Ensuite nous avons éliminé les souches de Chromolaena odorata et extirpé les rhizomes du chiendent (Imperata cylindrica). La surface du sol a été nettoyée des résidus au râteau.
1-2-2- Le semis du maïs
Le semi s'est effectué en ligne à l'aide d'une corde de 25 m de long qu'on a déplacé 38 fois dans le sens de la largeur du carré, avec 1m d'intervalle entre les positions de la corde. Les écartements choisis, entre les poquets de semis, étaient de 1m entre les lignes et de 30cm sur les lignes. Cela a donné en moyenne 13 poquets par ligne. Le semis s'est fait à raison de deux graines par poquet.
1-2-3- Mise en terre des boutures de manioc «cultivar M24»
La mise en terre des boutures de manioc s'est déroulée onze jours après le semis du maïs. Les travaux successifs (sarclage et buttage), à effectuer sur la culture du maïs, devront entretenir également la culture du manioc. Nous avions quatre groupes de boutures qui ont été regroupés dans quatre bandes sur le carré. La mise en terre des boutures s'est effectuée, de façon érigée, avec 10 cm de profondeur pour la partie souterraine et des écartements de 2m entre les lignes et 2m sur les lignes. Cette disposition a donné un effectif de 228 boutures reparties sur le carré par groupe et par sous-groupe (tableau 3).
Tableau 3: Correspondance des groupes et des types de manioc
No du groupe
Codes donnés aux types de manioc correspondant
1
Araignée
2
Manioc fleur
3
Bois double
4
Egypte
Après la mise en terre, nous avons également utilisé un sens de déplacement (de la gauche vers la droite) pour numéroter les lignes de boutures dans chaque bande. Pour la poursuite de l'étude, nous avons adopté le schéma de la figure 5 ci-dessous en vue de reconnaître les emplacements des groupes et des sous-groupes.
Sur cette figure, la lettre G est suivie de deux chiffres, séparés par un point, dont le premier désigne le numéro du groupe et le second le numéro du sous-groupe. Aussi, nous avons la lettre L suivi d'un nombre qui désigne le numéro de la ligne.
G1.1
G2.1
G2.2
G1.3
G1.2
G4.2
G4.3
G3
G4.4
G4.1
L1
L20
L38
L39
L11
L19
L10
L4
L3
L31
L30
L57
L64
L62
L76
L71
L65
L61
L58
L70
D
D point de départ de la numérotation
Sens d'arrivée sur le carré
Légende :
Figure 6 : Distribution des boutures sur les quatre bandes du carré
1-2-4- Opérations d'entretien
Toutes les interventions ont été faites sur la culture du maïs, avant la mise en place des boutures de manioc. Elles ont permis de maintenir le sol en bon état pour la culture du manioc «cultivar M24».
1-2-4-1- Sarclage
Vingt jours après le semis du maïs, le sarclage a été effectué pour éliminer les plantes adventices. Les résidus ont été ramassés et étalés sur les bordures du carré à cause de la pluie qui pourrait favoriser leur reprise.
1-2-4-2- Fumure et buttage
Un épandage d'urée a été fait 33 jours après le semis du maïs, à raison de 3kg pour les 1160 m carré, soit une quantité de 25,9 kg à l'hectare. L'épandage s'est fait à la volet autour des pieds de maïs en circulant entre les lignes.
41 jours après le semis nous avons effectué le buttage autour des différentes lignes de maïs. L'objectif visé était de recouvrir les racines aériennes de sol, de fixer les plants et de mettre les éléments minéraux aux pieds des plantes. Il a également permis d'éliminer les plantes adventices qui poussaient entre les lignes.
1-3- Cas du carré 3 : Association manioc-pistache
1-3-1- Préparation du terrain
Les rhizomes de chiendent et de fougère ont été extirpés à la daba à longue lame après un traitement à l'herbicide systémique (Kalach).
1-3-2- Préparation de l'essai
Il s'agissait de mettre en place un dessin expérimental permettant de mieux observer le comportement des tiges sur les boutures de différentes longueurs. Le dessin permettra de faire une analyse statistique des informations. Le carré a été divisé en quatre blocs ou répétitions randomisées des cinq traitements randomisés. Les traitements sont les différentes longueurs de boutures. Chaque traitement apparaît une seule fois dans un bloc et occupe au sein de celui-ci une parcelle élémentaire. Nous avons attribué des numéros aux différents blocs, traitements et parcelles élémentaires. Ces numéros vont de 1 à 4 pour les blocs, de 1 à 5 pour les traitements et les parcelles élémentaires. Les numéros de 1 à 5 des traitements représentent dans l'ordre les longueurs de 100cm à 6,25cm. La figure 6 ci-dessous présente le schéma du dessin expérimental. Sur cette figure, les trois chiffres de la parcelle élémentaire respectivement le numéro du bloc, le numéro de la parcelle élémentaire et le numéro du traitement.
355
255
151
143
135
124
112
242
231
224
213
341
333
322
314
452
443
434
425
411
Légende :
Sens de visite des parcelles élémentaires
Allées de circulation autour des blocs
Parcelles élémentaires
Figure 7: Schéma du dispositif expérimental du carré 3
1-3-3- Mise en terre des boutures
Nous avons planté les boutures de façon érigée avec 10 cm dans le sol, en suivant le schéma du dessin expérimental. Les écartements sont de 2m sur 2m. Nous avons mis en terre 12 boutures par parelle élémentaire, soit un total de 240 boutures. Un sarclage a été fait juste après cette mise en terre des boutures.
1-3-4- semis de la «pistache»
Le semis de la «pistache» s'est fait de façon directe et en quinconce par rapport aux boutures de manioc. Les écartements sont de 2m sur 2m. Par poquet, nous avons semé plusieurs graines (plus de deux). Deux plantes ont été retenues par poquet après le démariage.
Le manioc et la «pistache» ont été mis en terre dans le dernier mois de notre stage (carré 3). Ce retard a été accusé à cause de l'élimination du chiendent qui s'est avérée difficile.
Publié le 27/12/2008 à 12:00 par bensaandi
Contexte actuel du manioc Les cultures vivrières occupent 81% de la superficie cultivée à Madagascar. Dans cette catégorie de culture, le manioc se place en 2e position en terme de superficie et de tonnage produit (après le riz).
Productions des principales cultures vivrières
Image 12
Le manioc (frais ou séché, feuilles ou tubercules) est essentiellement cultivé pour la consommation humaine et animale. Il contribue en moyenne pour 14% des calories consommées dans la ration alimentaire malgache (Dostie et al, 1999).
Le manioc est, toujours après le riz, le deuxième produit alimentaire des malgaches.
Produit de substitution au riz pendant les périodes de soudure notamment, il est important tant pour les ménages urbains que ruraux et plus particulièrement pour la population du sud.
Le manioc représenterait 59% du stock de denrées de base pour la sécurité alimentaire de la population du sud de l’île (contre 39% pour les céréales).
Les passages acridiens qui affectent particulièrement les productions de céréales favorisent encore plus la consommation de manioc.
Il peut s’apprêter pourtant à bien d’autres utilisations agro-industrielles. Mais sur les 8 féculeries qui existaient avant les années 60, seule celle de Marovitsika reste opérationnelle actuellement.
Production 3.1 - Zones de production
Le manioc est cultivé presque dans toutes les régions de Madagascar.
Le faritany de Fianarantsoa constitue cependant la principale région productrice (dans les 43% de la production nationale). Il est à noter que ce faritany dégage des surplus qu’elle n’arrive à écouler qu’en période de famine dans le sud (Dostie et al, 1999).
Le faritany de Toliary, 427 000t en 2000 vient en seconde place ; la production des fivondronana de Bekily, Amboasary et Taolagnaro représente 38% de ce tonnage.
3.2 - Quantité
Les données du Ministère de l’agriculture en 2000 font état d’une superficie cultivée de 351 730ha sur l’ensemble de l’île avec une production de 2 463 360t de manioc frais, soit le rendement moyen de 7 t/ha.
-
1997
1998
1999
2000
Superficie (1000 ha)
358
360
352
352
Production (1000 tonne)
2 418
2 412
2 418
2 463
Source : Statistiques agricoles. Minagri 2000
Le rendement reste encore faible (6,7 à 7 t/ha). 3.3 - Technique culturale
Le bouturage est le mode de mutiplication du manioc.
Les boutures de 20 à 25cm de long avec 4 à 6 nœuds sont prélevés des pieds-mères indemnes de maladie pendant la phase de repos du manioc.
L’itinéraire technique comporte principalement les opérations suivantes :
* préparation du sol (épandage de fumure, labour, émottage, billonnage) ; plantation (bouture droite ou inclinée ou à plat dans le sol) ;
* entretien (binage, sarclage un mois après la plantation, buttage) ;
* fertilisation ;
* récolte.
Un pied de manioc peut produire 5 à 6kg (et même plus) de turbercules.
3.4 - Variétés
Les variétés de manioc cultivées à Madagascar (variétés locales et hybrides) sont classées en manioc doux et manioc amer.
En annexe 1 est présenté un tableau de variétés sélectionnées et vulgarisées par le FOFIFA.
3.5 - Calendrier cultural
* en zones humides : de novembre à décembre et d’avril à maien
* zones alluvionnaires : juin à juillet
* côte est : époque la plus favorable est en septembre-octobre
Transformation Le manioc est la seule plante à tubercule qui subit des transformations à Madagascar.
Le manioc peut être utilisé en :
* frais en féculerie ;
* sec : provenderie, minoterie ;
* farine : boulangerie, biscuiterie,…
* amidon : charcuterie, industrie pharmaceutique, emballage-colle…, textile
* sirop de glucose : chocolaterie, confiserie
4.1 - Féculerie
La production nationale de fécule est autour de 250t/an. La seule unité de féculerie opérationnelle actuellement, la féculerie de Marovitsika, produit moins de 100t/an .
L’activité artisanale représenterait donc dans les 150t/an.
4.2 - Provenderie
Le manioc, bon marché, se substitue bien au maïs pour l’alimentation des porcs en saison froide.
Ainsi, le marché du manioc pour la provende, fluctue avec l’offre et le prix du maïs.
L’activité de provenderie est encore actuellement à l’expectative du fait de l’épidémie de PPA.
4.3 - Les autres utilisations agro-industrielles du manioc sont en général encore en phase expérimentale (biscuiterie…). L’industrie pharmaceutique, elle, qui importe encore ses matières premières.
Commercialisation 5.1 - Le marché local
5.1.1 - Carte des flux régionaux ( Dostie et al, 1999) – (cf annexe 5)
L’étude Dostie et al , 1999, focalisée sur cinq régions productrices de manioc (Fianarantsoa Haut plateau, Fianarantsoa côte, Toliary, Antananarivo et les fivondronana de Bekily et Betroka) présente un tableau synthétique des flux spatiaux du manioc (annexe 3).
Antananarivo, 3ème région productrice, ne satisfait pas ses besoins en période normale et importe de Fianarantsoa (environ 24% de ses besoins) ; en période de sécheresse pourtant des collecteurs viennent jusqu’à Tsiroanomandidy et Anjozorobe pour approvisionner la région de Toliary.
La région de Fianarantsoa, globalement, est excédentaire. Elle pourvoit à l’approvisionnement des autres régions (Antananarivo, Toliary, Betroka) mais aussi en interne aux déficits des régions des régions côtières du faritany.
5.1.2 - Les prix
En comparaison avec les autres cultures vivrières, le prix au producteur du manioc est parmi le plus bas (annexe 2)
Prix sur le marché
Le tableau suivant fournit les prix moyens (fmg/kg) sur les marchés d’Antananarivo pour la période 1997-2000.
-
1997
1998
1999
2000
Manioc sec
864
717
704
1014
Manioc frais
653
589
620
650
Source : Ministère de l’Agricultre. Annuaire des statistiques agricoles 2000
5.2 - Exportation
Le commerce du manioc reste encore essentiellement pour le marché interne. Les exportations restent faibles.
5.3 - Importation
Madagascar importe en petites quantités pour les industries locales des produits dérivés manioc (fécule, amidon et sirop de glucose).
Les importations de sirop de glucose sont en progression marquée depuis 90.
-
Fécule de manioc(t)
Glucose, sirop de glucose (t)
1992
12
182
1993
19
604
1994
20
138
1999
4
700
2000
-
966
5.4 - Diagramme de la circulation du manioc (annexe 4)
Bibliographie
Publié le 27/12/2008 à 12:00 par bensaandi
Florence Pinton
Florence Pinton est maître de conférences en sociologie au laboratoire Dynamiques sociales et recomposition des espaces (ladyss/cnrs) de l’université Paris 10 Nanterre, France. Ses recherches concernent l’agriculture, la transformation des espaces ruraux, et la construction des problèmes d’environnement, des politiques de la nature et du développement durable. Elle a travaillé sur le terrain en France et au Brésil.
RESUME — Parmi les problèmes d’environnement reconnus à l’échelle de la planète, celui de l’érosion de la biodiversité a été traité par la mise au point d’une convention mettant en avant la prise en compte des « savoirs, innovations et pratiques des communautés autochtones et locales » dans la mise en œuvre d’un développement durable. Cette requalification de pratiques et savoirs portés par des populations fragilisées par plusieurs décennies de développement pose un certain nombre de problèmes quant à sa pertinence, ses formes et ses procédures. Les recherches pluridisciplinaires que nous avons menées en Amazonie brésilienne sur la gestion de la diversité variétale du manioc par divers groupes locaux en sont une bonne illustration. Après avoir présenté le contexte amazonien dans lequel est cultivé le manioc, nous nous intéressons aux environnements institutionnels et organisationnels dans lesquels évoluent les populations concernées pour amorcer une réflexion sur les configurations politiques émergentes en matière de préservation de savoirs locaux. Les ongs occupent une place non négligeable dans le champ politique, jouant le rôle d’intermédiation entre le local et les institutions politiques et administratives de l’Etat. Les dynamiques observées témoignent d’un changement profond du mode d’articulation des « populations autochtones » à la société englobante.
Parmi les problèmes d’environnement reconnus à l’échelle de la planète, celui de l’érosion de la biodiversité a été traité par la mise au point d’une convention mettant en avant la prise en compte des « savoirs, innovations et pratiques des communautés autochtones et locales » dans la mise en œuvre d’un développement durable. Cette requalification de pratiques et savoirs portés par des populations fragilisées par plusieurs décennies de développement pose un certain nombre de problèmes quant à sa pertinence, ses formes et ses procédures. Les recherches pluridisciplinaires que nous avons menées en Amazonie brésilienne sur la gestion de la diversité variétale du manioc par divers groupes locaux en sont une bonne illustration. Après avoir présenté le contexte amazonien dans lequel est cultivé le manioc, nous nous intéressons aux environnements institutionnels et organisationnels dans lesquels évoluent les populations concernées pour amorcer une réflexion sur les configurations politiques émergentes en matière de préservation de savoirs locaux. Les ongs occupent une place non négligeable dans le champ politique, jouant le rôle d’intermédiation entre le local et les institutions politiques et administratives de l’Etat. Les dynamiques observées témoignent d’un changement profond du mode d’articulation des « populations autochtones » à la société englobante.
1
La faible capacité régionale de production agricole pour le marché en Amazonie et la marginalisation des communautés forestières qui lui est liée sont souvent interprétées comme la conséquence du maintien d’une agriculture dite traditionnelle. En revanche, la montée des problèmes globaux d’environnement comme celui de la déforestation ou, plus spécifiquement, celui de l’érosion des ressources phytogénétiques liée à la croissante spécialisation des systèmes productifs, redonnent à ces agricultures des vertus environnementales et transforment leurs acteurs en partenaires potentiels du développement durable. Dans le contexte amazonien où les populations locales sont prises entre des dynamiques d’exclusion ou des processus d’acculturation, il devient ainsi possible d’envisager que l’agriculture traditionnelle soit en elle-même porteuse d’un devenir. Alors que les gouvernements successifs imaginent de multiples projets d’intégration de la région au processus de développement économique [1], mettant en péril l’existence du grand massif forestier, d’autres acteurs nationaux ou internationaux, issus du secteur privé ou représentant la société civile (ong et associations diverses) militent pour la conservation de la forêt et de ses populations autochtones en se référant à de nouveaux référentiels de développement intégrant le respect des différences culturelles et des droits territoriaux [2]. Cette mise en convergence d’argumentaires écologiques et de préoccupations sociales se traduit sur le terrain par la promotion d’une exploitation durable des ressources associée à une valorisation des pratiques agricoles traditionnelles, modèle alternatif dont la mise en œuvre n’est pas donnée en soi. Celle-ci repose d’abord sur une requalification de savoirs longtemps considérés comme archaïques et dépassés et dont l’existence est de plus en plus problématique, cette situation étant généralement symptomatique de sociétés en crise dans le contexte du développement (Dupré, 1991). Leur pérennité suppose également une adéquation entre un rapport à l’espace et un mode de gestion des ressources naturelles, ce qui confère une importance considérable aux stratégies d’appropriation territoriale et foncière. Elle exige, enfin, une démarche collective susceptible de permettre aux groupes concernés de s’organiser et de se faire entendre car toute forme de projet cherchant à valoriser un « patrimoine » doit non seulement se fonder sur une vision partagée d’un territoire mais aussi s’appuyer sur des organisations localement légitimes. Ces dimensions politiques sont aujourd’hui devenues une nécessité pour acquérir une visibilité et garantir aux intéressés un accès à des subsides. Elles se traduisent au Brésil par la mise en discussion ou l’adoption d’une série de mesures juridiques visant à protéger les connaissances indigènes et traditionnelles et à encadrer les modes de compensations dont peuvent bénéficier les communautés détentrices de tels savoirs.
2
Si les « savoirs, innovations et pratiques des communautés autochtones et locales » sont objets de recherche depuis longtemps pour les scientifiques, leur prise en compte dans la définition et la mise en œuvre d’un développement durable, comme le prône l’article « 8j » de la Convention de la diversité biologique, est en revanche récente et pose un certain nombre de problèmes quant à sa pertinence, ses formes et ses procédures. Les recherches pluridisciplinaires que nous avons menées en Amazonie sur la gestion de la diversité variétale du manioc [3] en sont une bonne illustration : elles rendent compte de la richesse et de l’hétérogénéité des savoirs et pratiques relatifs à cette plante mais aussi de leur dynamique et des conditions de leur expression. Après avoir présenté le contexte amazonien dans lequel est cultivé le manioc, nous nous intéresserons aux environnements institutionnels et organisationnels dans lesquels évoluent les populations concernées pour amorcer une réflexion sur les configurations politiques émergentes en matière de préservation de savoirs locaux de gestion des ressources phytogénétiques. Dans un contexte favorable à la constitution de patrimoines, les ong occupent une place non négligeable dans le champ politique et collaborent à la fois avec les scientifiques et les groupes locaux pour impulser de nouvelles normes.
La culture du manioc en Amazonie brésilienne
3
La culture du manioc en Amazonie brésilienne renvoie à des enjeux économique et socio-culturel à la fois importants et divergents.
Une agriculture familiale marginalisée
4
Le manioc (Manihot esculenta Crantz) est la principale culture d’une grande partie des populations forestières amazoniennes qu’elles soient d’origine amérindienne, métisse ou allochtone. Les caractéristiques agronomiques et écologiques de cette plante comme ses possibilités de transformation en de nombreux dérivés alimentaires ont certainement favorisé son importante diffusion en zone intertropicale. Ses racines charnues riches en fécule sont à l’origine de la préparation de nombreux produits alimentaires [4]. Parmi ceux-ci, la farine de manioc a été et reste le produit le plus recherché pour ses qualités de conservation et de stockage (Pinton, Emperaire, 2001). Elle est d’ailleurs aujourd’hui la source principale de revenus pour l’ensemble des petits agriculteurs amazoniens. Ceux-ci pratiquent une agriculture sur brûlis destinée à l’autoconsommation, et parfois à la vente, dans le cadre d’un système incorporant des activités complémentaires de subsistance (chasse, pêche et cueillette) et éventuellement marchandes (produits ou services). La flexibilité de ce système de production est telle que, selon les saisons, les opportunités ou la logique qui l’oriente, il oscille entre un modèle de subsistance et le modèle paysan.
5
Aujourd’hui plusieurs milliers de variétés sont cultivées dans le monde dans le cadre de ces agricultures familiales. Celles-ci ont en commun une profonde connaissance des milieux et des variétés qui y sont adaptées, un faible niveau technologique et une utilisation négligeable d’intrants. On peut s’interroger sur le sort qui leur est aujourd’hui réservé. Vont-elles disparaître, survivre, rejoindre les modèles qui constituent aujourd’hui la norme ou s’inventer de nouvelles destinées ?
Une population très hétérogène
6
Le vaste ensemble que constitue l’Amazonie brésilienne présente des agricultures familiales très contrastées. Elles vont d’une agriculture pratiquée par des populations amérindiennes dont le mode de vie est centré sur une agriculture sur brûlis et l’utilisation de ressources forestières à celle pratiquée par des colons davantage insérés dans une économie de marché. Notre référence au qualificatif « traditionnel » exclut de fait les populations pionnières de l’Amazonie orientale mais ne renvoie pas pour autant à une société homogène, immobile et repliée sur elle-même. Elle recouvre en réalité des situations très disparates et définit plus un « contre-type » qu’un type sociologique. Parmi les caractéristiques de l’agriculture traditionnelle, on peut souligner qu’elle se fonde sur l’utilisation de matériel génétique local et qu’elle est contrôlée dans son intégralité par les agriculteurs. Il faut cependant remarquer que la référence à la tradition est de plus en plus utilisée au Brésil dans un cadre juridique pour désigner les populations vivant en étroite relation avec le milieu naturel et dont la reproduction repose sur une exploitation durable des ressources naturelles (Santilli, 2000 [5]). Comme le soulignent Carneiro da Cunha et Almeida (2001), cette intégration au domaine juridique est à relier au contexte politique actuel qui s’appuie sur une institutionnalisation de la conservation. Les populations traditionnelles sont ainsi devenues une catégorie construite de sujets politiques dont la reconnaissance passe par l’acceptation des « implications de la définition légale exigée par un usage à long terme des ressources naturelles ». En échange de droits territoriaux, elles s’engagent finalement à produire des services environnementaux comme celui de la conservation de la biodiversité, qui n’étaient jusqu’à là que les sous-produits de leur mode de vie [6]. Il est compréhensible qu’en Amazonie, de plus en plus de communautés locales soient séduites par ce nouveau type de contrat qui leur apporte à la fois une reconnaissance et des droits en échange d’une mise en visibilité de leurs pratiques. Les ong ont participé à cette évolution en se faisant les porte-parole de telles considérations.
La récolte du manioc dans l’Amazonie péruvienne
Christophe Kuhn.
7
En Amazonie, trois grandes catégories socioculturelles aux frontières souvent incertaines sont concernées a priori : les communautés amérindiennes, les métis appelés localement caboclos et enfin les seringueiros, descendants des émigrés nordestins des périodes fastes du caoutchouc. Elles occupent pour l’essentiel l’Amazonie des fleuves par opposition à l’Amazonie des routes, caractéristique des fronts pionniers qui progressent depuis les années soixante-dix dans les parties orientales puis sud de la région. Chaque groupe comme chaque lieu possède sa propre histoire qui le relie à la société brésilienne. Ces liens peuvent se décliner au travers de différents processus : scolarisation des enfants, immigration vers la ville, accès aux soins et aux systèmes de retraite, recherche de revenus monétaires, accès aux biens de consommation, intervention des organismes de développement agricole et plus récemment, revendications identitaires et territoriales, appui des mouvements écologistes, politiques environnementales et projets de développement durable. L’extrême variabilité des situations confère à chaque groupe, voire à chaque famille, des avenirs différents car elle les engage de façon spécifique dans un processus de recomposition politique et/ou sociale. La présence ou non de porte-parole susceptibles de faire valoir leur point de vue dans l’arène politique est déterminante, tout comme leur capacité à intégrer la cause écologiste dans leur argumentaire.
La diversité variétale du manioc, un patrimoine
8
Le manioc est représenté par de très nombreuses variétés dans les systèmes de production des Amérindiens à qui l’on doit la création et le contrôle de cette diversité génétique (Chernela, 1986 ; Kerr, 1986). « Au-delà de la domestication au sens strict, c’est-à-dire de la différenciation de l’espèce aujourd’hui cultivée à partir d’ancêtres sauvages, de nouvelles formes adaptées à de multiples exigences sont continuellement sélectionnées » (Emperaire, 2002). Comme la plupart des plantes cultivées, la diversité variétale du manioc est le résultat de processus de sélection volontaire et/ou involontaire de la part des cultivateurs.
9
La diversité variétale, vécue à la fois comme patrimoine et ressource vitale pour les populations concernées, constitue par ailleurs un réservoir de diversité génétique relativement accessible aux améliorateurs officiels du secteur agronomique. Cherchant depuis les années 1940 à constituer un stock de matériel génétique pour les programmes d’amélioration du manioc, le secteur privé agro-industriel et les institutions de recherche participent à la conservation ex situ du manioc par la collecte de plante et la constitution de banques de germoplasmes. Cette diversité collectée ne représente cependant que très imparfaitement la diversité gérée par l’ensemble des cultivateurs (McKey et al., 2001). Elle pose le problème de la validité à long terme de telles modalités de conservation qui isole la ressource de son environnement humain et écologique. Son exploitation commerciale pose aussi de manière aiguë le problème juridique de l’accès aux ressources génétiques et de la reconnaissance des savoirs associés, largement ressenti par la société civile brésilienne comme un risque de « biopiraterie ». Un exemple des implications juridiques de collecte de matériel est donné par la recherche que mène l’Embrapa [7] sur des variétés de manioc d’intérêt économique pour leur haute teneur en sucres libres, cultivées par des populations amazoniennes (Alves, 2000, Carvalho et al., 1998, cité par Emperaire, 2002). Plusieurs projets de loi ont été depuis déposés au congrès pour réguler l’accès aux ressources génétiques tandis que quelques états amazoniens se sont dotés de lois relativement restrictives. Les partisans de la conservation in situ admettent cependant qu’ils doivent affronter d’autres types de difficultés. La compréhension des modes de gestion locaux et de leurs impacts sur les processus de flux géniques est une première exigence. Dans un autre domaine, le degré d’adhésion des agriculteurs concernés par la politique publique de conservation conditionne la réussite de l’opération. Comme pour répondre à ces nouveaux défis, chercheurs et agences de développement redécouvrent aujourd’hui la notion d’« approche participative », qu’ils associent systématiquement à leurs pratiques de recherche ou à leurs projets pour témoigner de leur prise en compte des savoirs locaux : il faut toutefois se demander comment se concrétise sur le terrain cette louable intention.
La conservation in situ comme nouveau rapport à la nature
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A partir du moment où la perte des savoirs traditionnels a été associée à la perte de la diversité biologique, les biologistes, en particulier les ethnobiologistes, ont pris le relais des sciences sociales en s’impliquant dans les débats autour de questions concernant l’appauvrissement des ressources phytogénétiques. Réintégrées dans le champ du développement à travers les nouveaux enjeux de conservation, les pratiques locales ont retrouvé leur légitimité aux yeux de certains chercheurs et institutions gouvernementales. En admettant qu’une telle évolution se dessine en Amazonie, il reste à observer les formes locales de ce retournement de discours qui érige la diversité variétale en bien commun après qu’elle a symbolisé l’archaïsme. En effet, en devenant patrimoine naturel, la diversité variétale peut être investie d’enjeux pouvant concerner aussi bien des éléments d’ordre identitaire que ceux qui visent plus directement à la maintenir. Plus précisément, la construction sociale et politique que ce nouveau rapport à la nature induit risque d’introduire encore plus d’hétérogénéité dans la grande panoplie des comportements et des acteurs.
Les savoirs locaux sur le manioc
11
La recherche comparative que nous avons menée sur l’état de la diversité variétale du manioc en Amazonie entre 1998 et 2000 a concerné quatorze sites. La construction de notre référentiel de diversité à l’échelle du bassin amazonien est restée approximative compte tenu de nombreuses incertitudes d’ordre historique et de données bibliographiques sur le sujet qui sont peu nombreuses, relativement récentes et souvent délicates à interpréter (Emperaire, 2001a). En dépit de ces restrictions, il a été possible de dégager des enseignements généraux qui ont été confrontés à nos propres résultats. Les données recueillies dans les populations amérindiennes du haut Rio Negro ont attesté par exemple d’une diversité variétale importante qui avait déjà été observée par Chernela (1986) et Ribeiro (1995). Elles nous ont permis de considérer la région comme un foyer de haute diversité variétale [8] des maniocs amers par rapport aux autres régions étudiées.
L’évolution des liens sociaux et des représentations
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Les différents groupes observés n’accordent pas la même importance ni la même signification à une diversité variétale élevée. Les modes de gestion reposent en effet sur des savoirs et des savoir-faire qui trouvent leur origine dans des corpus de connaissances et de représentations variables. Les récits mythiques recueillis chez les Amérindiens, relatifs à l’origine de l’agriculture ou des plantes cultivées, racontent l’origine du manioc. La diversité y est clairement inscrite et s’articule aisément au temps présent. Dans le cas du haut Rio Negro par exemple, la diversité d’origine est signalée par une douzaine de variétés initiales, parmi lesquelles principalement des blanches. L’ampleur de la diversité actuelle s’explique par l’apparition postérieure de nouvelles variétés. Cette diversité à la fois ancestrale et acquise au cours de l’histoire vécue s’inscrit dans une dynamique agricole dont la dimension sociale est très nettement soulignée dans les mythes (Emperaire, 2001b).
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La diversité de ces mythes et leur caractère dynamique résultent d’un mode de transmission orale. Or, il est indéniable que la transmission de père en fils s’effectue de plus en plus difficilement pendant que le savoir très élaboré des femmes à propos des différentes variétés s’étiole. Outre la tendance à l’émigration des vieux vers les villes [9], qui prive les familles du savoir traditionnel, ceux qui restent ne sont plus sollicités par les plus jeunes pour transmettre leur savoir. Raconter un mythe suppose un questionnement, nous précise un ancien. Une version simplifiée de l’origine du manioc est aujourd’hui retranscrite dans les livres scolaires. Ces ruptures dans la transmission du savoir rapprochent sensiblement le monde indien de l’univers caboclo aux connaissances sur le milieu naturel plus limitées. Certes, la diversité des plantes cultivées demeure importante mais le corpus de connaissances et de représentations qui s’y rattache se modifie d’une génération à l’autre. La disqualification du mythe altère le rapport à la diversité variétale du manioc. La perte du nom des variétés précède en général celle du matériel biologique.
Les différents niveaux de perception des savoirs
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Par leur insertion dans le marché et leur articulation à la société globale, les communautés sont sans cesse confrontées à des individus porteurs d’autres savoirs. Il faut donc être très attentif à cette hétérogénéité par référence à un objet qui transcende différents univers de pensée (consommateurs, producteurs, généticiens etc.). Nous avons montré que la perception du manioc est d’abord fortement dépendante de l’échelle d’observation qui s’y rapporte (Emperaire et al., 1998 ; Emperaire, 2001a et b). Il s’agit en premier lieu d’une diversité reconnue à l’échelle infraspécifique : tous les maniocs cultivés dans le bassin amazonien appartiennent à l’espèce Manihot esculenta Crantz. À l’échelle du Brésil, le terme d’acceptation le plus ample est mandioca. Il est employé au sens large et englobe tous les types de manioc. À l’échelle régionale, il désigne uniquement la catégorie dominante de maniocs qu’ils soient doux ou amers. En Amazonie centrale, le terme mandiocas est utilisé pour désigner les maniocs amers tandis que les doux, moins fréquents, sont dits aipins ou macaxeiras. Le sens attaché à la notion de variété dépend ensuite des catégories d’acteurs qui y font référence et de leur expérience cognitive. La variété est en effet une notion locale qui ne prend sens que dans un contexte culturel particulier. Les variétés de manioc telles qu’elles sont connues des généticiens, des agronomes, des agriculteurs ou même du grand public n’ont pas la même signification. Le consommateur urbain, comme le commerçant, vont quant à eux ne distinguer que le manioc doux du manioc amer ou, à la rigueur, le manioc jaune du manioc blanc. « La notion de variété ne constitue donc pas un référentiel absolu : c’est l’unité minimale de perception et de gestion de la diversité biologique » (Emperaire, 2001b). Le code international de nomenclature des végétaux cultivés se réfère lui à la notion de « cultivar » (cultivated variety).
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Ces différents niveaux de perception reposent sur des savoirs distincts que l’on pourrait qualifier, de manière simpliste, de profanes lorsqu’ils émanent de non spécialistes (consommateurs, grand public), par opposition à des savoirs spécialisés relevant d’une pratique empirique (agriculteurs) ou d’une discipline scientifique (savoirs experts). Leur plus ou moins grande mobilisation peut, dans certaines situations, révéler des rapports de force.
Constructions sociales et modèles de gestion de la diversité
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L’approche comparative a mis en évidence le lien entre un niveau de diversité et le fonctionnement global de chaque société comme celui de l’agro-système qu’elle produit [10]. L’amplitude de la diversité varie, par moyenne régionale, de 2,5 à 33 variétés à l’échelle du cultivateur. D’une population à l’autre, les savoirs impliqués sont inégaux. Extrêmement riches dans certains groupes amérindiens, ils s’appauvrissent chez les caboclos et se réduisent chez les seringueiros (Pinton, Emperaire, 2001).
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En effet, la constitution et le renouvellement des stocks de variétés de manioc utilisées sont canalisés par des savoirs, des attitudes et des représentations propres à chaque groupe, qui se traduisent par des pratiques de conservation et de gestion très variables. De leur combinaison résultent diverses constructions de la diversité où processus biologiques et pratiques sociales interfèrent à tous les niveaux. Mais l’expression de la diversité variétale dépend en dernier lieu de la valeur culturelle qui lui est accordée.
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Chaque groupe se caractérise dans sa gestion de la diversité par le fonctionnement de ses réseaux, par son rapport à l’expérimentation et par la modalité de ses « cadrages » entendus comme principes de décision (Pinton, 2002). Car les pressions qui s’exercent sur l’amplitude de la diversité variétale des maniocs sont d’origines multiples. Elles peuvent être d’ordre socioculturel (accès aux réseaux d’échanges de boutures, importance accordée à la nouveauté, valeur patrimoniale reconnue, habitudes alimentaires etc.), économique (incitation du marché, filières de commercialisation, prix, etc.) et bien sur écologique. Ainsi l’un des facteurs explicatifs de la haute diversité relevée en Amazonie du nord-ouest – un territoire géographique partagé par plusieurs ethnies de familles linguistiques différentes – pourrait être la faible fertilité des sols (Emperaire, 2001b). Plutôt que de sélectionner quelques variétés adaptées à de faibles niveaux de fertilité, les groupes indigènes ont opté pour une stratégie fondée sur la multiplicité de réponses possibles en termes d’adaptation au milieu. Une telle stratégie va de pair avec la possibilité de conserver une gamme de variétés aux caractéristiques agronomiques (temps de conservation, maturité, etc.) et alimentaires (teneurs en fibres, fécules, eau…) diversifiées et repose sur un ensemble de variétés en continuel brassage au sein d’une vaste région.
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À partir de la formalisation des différentes combinaisons possibles, nous avons identifié deux modèles extrêmes associés à deux modes de perception de la diversité. D’un côté, la démarche expérimentale pratiquée par les Amérindiens ouverte au renouvellement de la diversité, contrairement à celle des autres catégories de populations qui vise à restreindre la définition de nouvelles variétés ; de l’autre, la démarche sélective qui renvoie à un assemblage de quelques variétés maintenues d’une génération à l’autre. Ces différents modèles sont à relier à l’identité des acteurs en présence (agronomes, développeurs, communautés agricoles, hommes ou femmes, etc.) et à la qualité des relations établies entre eux (rapports d’autorité ou de concertation), en d’autres termes le « collectif » qui participe à la production de ces savoirs. Celui-ci joue un rôle déterminant dans leur légitimation comme dans leur disqualification. Ce sont précisément ces aspects que nous allons envisager dans la partie suivante.
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Si ces recherches ont permis d’affirmer que la diversité variétale du manioc était encore très importante à l’échelle de l’Amazonie, elles ont aussi mis en évidence que les anciens types de régulation sociale qui présidaient à l’usage et à la gestion des ressources naturelles étaient en voie de régression dans le contexte actuel de transformation des écosystèmes forestiers et des sociétés. Autrement dit, les cadres socioculturels « traditionnels » du maintien de la diversité variétale ont perdu de leur pertinence auprès des populations locales qui, en fonction du contexte socio-politique, réagissent différemment aux nouveaux défis qui se posent à elles.
Savoirs en devenir : entre processus de négation et tentatives de réhabilitation
Les acteurs institutionnels du changement
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Depuis trente ans, la région amazonienne a connu différentes interventions qui ont affecté son organisation territoriale et politique. Elles ont abouti à des zonages qui relèvent de situations foncières et de contextes institutionnels très différenciés. Au sein de ces nouvelles constructions politiques, les ongs ont acquis un rôle stratégique à côté des programmes publics de développement. Qu’elles appartiennent à la mouvance écologique ou sociale, les projets qu’elles défendent doivent dorénavant intégrer des objectifs de conservation de la nature et de soutien au développement communautaire. Au même moment, les politiques publiques de soutien à l’agriculture ont effectué un changement de cap perceptible en admettant que la consolidation d’une agriculture familiale pouvait être envisagée comme une alternative intéressante [11]. On peut alors tenter de comprendre comment est traitée la question des savoirs et des pratiques liées à la gestion des ressources naturelles dans ces nouveaux contextes. Pour y parvenir, les particularités historiques de chaque zone d’étude sont à prendre en considération comme leur mode d’articulation à la société englobante, que celle-ci soit nationale ou internationale.
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En effet, si certains municípios [12] affichent une dynamique de développement rural par la création de marchés locaux, d’autres sont sous le contrôle d’oligarchies locales qui cherchent à perpétuer des relations de subordination entre petits producteurs et « patrons ». Le désengagement de l’État comme l’absence ou le manque d’efficacité des syndicats ruraux ou autres formes d’organisations collectives dans certaines régions ne font qu’entériner une telle situation. Le rapport au foncier et aux ressources est aussi un élément discriminant important. Amérindiens et seringueiros, reconnus respectivement comme peuple indigène et populations traditionnelles, ont bénéficié ces dernières années de la convergence d’intérêts entre ceux qui défendaient la forêt et ceux qui militaient pour le respect des identités et le droit des peuples. Ces alliances se sont traduites par une amélioration de leur situation foncière : reconnaissance des territoires indigènes pour les premiers et création des réserves extractivistes pour les autres, fondées sur une appropriation collective des ressources naturelles. Ces processus de délimitations de frontières (identitaires et/ou territoriales) ont une fonction politique extrêmement importante dans la mesure où ils apparaissent comme une condition essentielle de l’action collective. Regroupées en une aire unique de 10,6 millions d’hectares, les terres indigènes de la région du haut et moyen Rio Negro, homologuées en 1998, abritent une population aujourd’hui très impliquée dans des micro-projets de développement durable portés par des structures associatives. Ces nouvelles dynamiques témoignent d’un changement profond du mode d’articulation des « populations autochtones » à la société englobante. Les seringueiros, quant à eux, ont bénéficié d’importantes retombées médiatiques liées à leur histoire et se sont dotés de diverses organisations associatives pour les représenter dans l’arène politique aux échelles locale, nationale et internationale. Les caboclos apparaissent finalement les moins bien lotis, n’ayant pas su s’imposer sur la scène publique. On relève, dans de nombreux cas, la précarité de leur situation foncière et la faiblesse de leurs organisations collectives. Cible privilégiée des organismes publics d’aide au développement agricole, ils sont en revanche ignorés des bailleurs de fond internationaux du développement durable qui investissent préférentiellement sur les groupes plus médiatisés.
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Ces configurations politiques sont déterminantes quant au traitement des savoirs locaux. Pour illustrer ces diverses tendances, nous avons choisi de présenter deux situations contrastées. La première concerne des populations caboclos confrontées à une politique classique d’intégration agricole tandis que la deuxième relève du domaine de l’action des ong en territoire indigène et s’appuie sur la conservation.
Une intégration agricole reposant sur un objectif de « rationalisation » des pratiques
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Face à la domination du marché mondial, l’État brésilien s’est toujours aligné sur des impératifs productivistes pour défendre son agriculture. Le rôle principal de l’Embrapa, institution fédérale de recherche agronomique, a d’ailleurs été d’accompagner la modernisation de l’agriculture à partir des années 1970. Aujourd’hui grand producteur de manioc, le Brésil souhaiterait rendre son agriculture plus compétitive pour se positionner avantageusement sur le marché international. Dans cette optique, la faible participation des états du Nord à l’effort national a été considérée comme problématique. De l’avis des différents experts, les modes de production agricole sont à l’origine d’une telle situation. Ils constatent que la majorité des cultivars locaux se sont maintenus dans ces régions de cultures traditionnelles, et ceci malgré les efforts déployés par les agents de développement pour diffuser des variétés sélectionnées. Pour eux, le verdict est sans ambiguïté : la diversité variétale présente localement est synonyme d’ignorance, de faibles rendements et de surfaces réduites (Pinton, 2002).
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La prédominance d’une agriculture traditionnelle en Amazonie serait donc symptomatique d’une résistance des populations forestières à l’innovation technologique mais surtout de l’incapacité des acteurs institutionnels à soutenir leur développement. Les récentes orientations politiques agricoles vont permettre de doter l’agriculture traditionnelle d’un soutien [13] technique et économique afin de faciliter toute une série de transformations au sein du système de culture.
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Dans le cadre de ces nouvelles perspectives, nous avons observé que les collectifs mis en place pour stimuler l’agriculture paysanne obéissaient toujours à une rationalité technique et scientifique déconnectée de la réalité vécue localement. Fonctionnant sur des rapports d’autorité ne reconnaissant que la pensée savante, les techniciens agricoles s’avèrent incapables de répondre aux attentes et besoins des agriculteurs. L’analyse par filière montre, de surcroît, que les véritables enjeux du développement agricole dans ces régions inégalitaires se trouvent ailleurs. Le marché est très défavorable aux petits producteurs locaux qui n’ont pas les moyens de s’y inscrire efficacement. Outre le nombre considérable d’intermédiaires, les savoir-faire ancrés dans certaines communautés à l’origine de la « typicité » de certains produits ne sont pas respectés par le marché. Dans ses efforts pour organiser le contrôle de la qualité des produits, le ministère de l’Agriculture n’a pas su mettre en place des dispositifs de soutien et de protection qui reconnaissent les savoir-faire empiriques.
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De façon générale, la mise en place de nouvelles formes de collaboration entre les différents acteurs du développement agricole (agriculteurs et agricultrices, associations de producteurs, syndicalistes, vulgarisateurs, chercheurs, coopératives, entreprises) continue à s’inscrire dans une démarche classique de modernisation agricole qui se caractérise par la prédominance de rapports de domination entre groupes d’acteurs interdisant globalement le renouvellement de la production de connaissances. Confronté aux seules forces de l’État ou du marché, le petit producteur peine à s’organiser et à se faire entendre. Les « intérêts » nationaux de développement du marché du manioc entrent en conflit avec les logiques locales de cette économie paysanne et/ou de subsistance tandis que les intérêts des élites locales sont antagonistes à ceux des producteurs. Seules les organisations indigènes ou de seringueiros, appuyées par des ong et reconnues à l’échelle internationale pour leur gestion durable de la forêt, semblent en mesure de s’engager dans de nouveaux partenariats.
Un partenariat fondé sur des dynamiques d’interactions et de concertation
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A partir des années 1980, on assiste en Amazonie à un processus de création d’associations indigènes sous forme d’organisations de la société civile (osc). De moins de dix avant 1988, elles sont passées à plus de cent quatre-vingts pour la région Nord (Albert, 2001). Le mouvement amérindien a connu en même temps d’importantes mutations qualitatives avec un déplacement des revendications territoriales et identitaires vers des modèles alternatifs d’un développement qui soit à la fois local, solidaire et durable. Par ailleurs, le désengagement progressif de l’État a laissé la place à des organisations qui ont mis en avant les fonctions de services économique et social, et pour qui l’accès au marché et au « marché de projets » internationaux et nationaux, ouverts par les politiques nouvelles de décentralisation, est devenu un objectif central.
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Le cadre socio-politique, économique et culturel du haut et moyen Rio Negro n’échappe pas à ces recompositions. Nous assistons en effet à la consolidation d’une organisation politique relativement récente, basée sur une dynamique associative, et dont la légitimité vient de la double nécessité de protéger et d’articuler le territoire indigène au monde extérieur. Elle permet d’occuper un espace intermédiaire à l’intersection du local et du global, entre l’État et le monde indigène. Ce positionnement est la condition sine qua non du montage de projets locaux en partenariat avec des institutions nationales ou des réseaux transnationaux qui apportent des financements extérieurs. Le défi est de créer les conditions favorables à l’émergence d’innovations et d’expérimentations en termes de gestion des ressources naturelles (agriculture et ressources renouvelables). Des projets pilotes trouvent ainsi leur inspiration dans des activités traditionnelles et en valorisent certains aspects. On peut citer l’introduction de nouvelles technologies pour garantir l’autonomie alimentaire (projet de pisciculture), la mise en place de circuits de commercialisation pour développer l’artisanat comme source de revenus (contrats commerciaux) ou encore, au sein des services de l’État, la formation des agents de santé associée à la valorisation des plantes médicinales traditionnelles ou la formation de professeurs d’école de culture indigène. Nous sommes donc confrontés à des situations où, a priori, tous les savoirs sont mis en circulation. Deux médiateurs du monde amérindien travaillent en partenariat : la foirn (Fédération des organisations indigènes du Rio Negro), créée en 1987, et l’isa (Instituto socio-ambiental), ong fondée en 1994.
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Le rôle de la foirn est de fédérer, à l’échelle régionale, l’ensemble des associations locales pour renforcer les solidarités intra- et inter-communautaires et leur donner une meilleure visibilité sur la scène publique. Soumis à des cycles de formation susceptibles de les familiariser avec les techniques (informatique, gestion, administration) et les savoirs « modernes » (disciplinaires), les leaders indigènes naviguent, de fait, dans deux univers distincts. L’isa de son côté a un rôle affirmé de formation, de médiation et de légitimation et apporte aux organisations amérindiennes son expérience et son savoir-faire pour le montage de projets associant le social et l’écologique. Pour « construire des solutions durables » qui intègrent ces différents aspects, elle prône « la défense des biens et droits sociaux, collectifs ou diffus relatifs au milieu naturel, au patrimoine culturel, aux droits humains et des peuples [14] ». Organisation relativement récente, cette ong résulte d’une fusion entre le Programme des Peuples Indigènes du Brésil du centre oecuménique de documentation et d’information et le Centre de droits indigènes. Reconnue par l’État à la fois pour sa compétence scientifique et pour ses capacités d’action, elle est membre du groupe de travail sur la « sociobiodiversité » du forum brésilien des ong et mouvements sociaux et anime en partie le Programme National de la diversité biologique. Elle a d’ailleurs été reconnue d’intérêt public (Oscip) en septembre 2001 par une récente loi brésilienne censée organiser ce « troisième secteur » (Buclet, 2002). Reconnue comme porte-parole de grandes causes sociales et environnementales, l’isa entend faire pression sur les politiques publiques en matière de gestion des unités de conservation et des aires indigènes. Composée essentiellement de spécialistes de haut niveau, son équipe offre la palette des savoirs susceptibles d’apporter une certaine crédibilité à ses méthodes de travail et d’intervention sur le terrain [15]. Militante, entre autres, de la cause amérindienne du haut Rio Negro pour avoir activement participé à la délimitation des territoires, elle fonde ses actions sur les notions d’identité culturelle, d’usage durable des ressources renouvelables, d’autogestion, et de commerce solidaire. Son action, limitée actuellement aux territoires indigènes situés en amont du fleuve et déjà partiellement recouverts par des unités de conservation [16], doit prendre toute son ampleur dans le cadre d’un projet beaucoup plus ambitieux, le programme Rio Negro, inscrit dans le long terme et dont l’objectif est de créer, à l’échelle du bassin, une dynamique de développement durable. Actuellement dépourvue de protection légale dans sa partie aval, la région du moyen Rio Negro a été décrétée aire prioritaire pour la biodiversité à la suite des consultations de Macapá organisées en 1999 et fait partie des vingt-deux aires d’Amazonie dont il est recommandé que la gestion durable soit confiée aux populations locales, reconnues comme partenaires privilégiées de la conservation [17]. Sur le plan juridique, le choix du dispositif de protection légale s’appuie sur les caractéristiques socio-économiques et culturelles des habitants et répond ainsi aux exigences de l’article « 8j » de la convention internationale qui a intégré dans ses objectifs la conservation des « modes de vie traditionnels » comme stratégie de conservation de la diversité biologique. Les zones de « mégadiversité [18] » sur lesquelles s’accordent les experts sont étroitement associées à la présence de communautés traditionnelles.
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Pour mettre en place son programme régional de développement durable, l’isa assoit ses collaborations de recherche avec les scientifiques sur l’exigence d’une restitution et valorisation des résultats en direction des communautés indigènes. Ces nouvelles formes d’expérimentation sociale se sont concrétisées en 2000 par la tenue du premier séminaire de recherche du Rio Negro qui a réuni environ quarante chercheurs et autant de représentants des communautés locales. Les différentes sessions organisées avaient pour mission de débattre des recherches menées dans la région ainsi que de leurs résultats afin d’« échanger idées, expériences, projets, compétences et formes de connaissances [19] ».
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La multiplicité de fonctions et des compétences de l’isa, son double rôle de partenaire des organisations amérindiennes et de prestataire de services vis-à-vis du secteur public lui donnent une identité difficilement saisissable. De plus, si l’on se réfère à la typologie proposée par Buclet [20], l’isa relève de toutes les catégories proposées, à la fois par ses origines, son engagement et ses compétences scientifiques. En s’étant elle-même baptisée « socio-ambiental », elle semble vouloir mettre en exergue le couple de valeurs qui alimentent ses actions, porteuses de nouvelles formes de gestion sociale.
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Sans qu’il soit encore possible de disposer de données sur les retombées réelles de telles procédures, on peut déjà reconnaître la mise en place de dispositifs d’action tournés vers la recherche d’un dialogue social susceptible de produire de nouvelles connaissances et de valider des décisions. Ces procédures tranchent évidemment avec les rapports de pouvoir observés traditionnellement en Amazonie. Elles sont néanmoins porteuses d’une contradiction apparente, celle de se montrer favorable à la réhabilitation de savoirs locaux tout en s’inscrivant dans une volonté collective de changement de modes de vie. Nous avons vu que le savoir local est en train de se transformer sous la pression de dynamiques extérieures, voire internationales, ainsi que de l’impulsion apportée par les médiateurs aux actions de formation et de développement entreprises au sein de l’univers amérindien. Ce qui nous semble en jeu dans ces évolutions, ce n’est pas tant le maintien de savoirs traditionnels, qui n’aurait en soi pas beaucoup de sens, que la capacité des intervenants à interagir, dans des processus porteurs de démocratie technique. Outre la mise en circulation des savoirs, il faut être en mesure de les reformuler et de construire de nouvelles normes.
Conclusion : de nouveaux contextes pour de nouveaux savoirs locaux
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À partir du moment où les sciences biologiques et les sciences sociales se sont retrouvées autour du même objet de recherche représenté par « les pratiques et les savoirs traditionnels », ces derniers ont été considérés comme favorables à la mise en œuvre d’un « développement durable ». Nos recherches pluridisciplinaires sur la gestion de la diversité variétale du manioc révèlent la complexité des processus qui participent au maintien de cette diversité mais aussi la fragilité des situations face aux diverses pressions qui s’exercent sur les milieux et sur les populations détentrices de ces savoirs. Compte tenu des enjeux liés à la conservation de l’agro-biodiversité, elles permettent néanmoins de défendre certains modèles (conservation in situ) et/ou d’identifier quelques leviers d’action qui permettraient d’améliorer le sort des communautés forestières dans leur ensemble (instruments économiques de valorisation des produits locaux, instruments juridiques de protection de la typicité de certaines farines, dispositifs de protection des terres etc.). Nos recherches montrent aussi que la reconnaissance internationale des savoirs traditionnels ne signifie pas tant leur « conservation » que leur requalification dans le cadre de nouveaux collectifs d’action.
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À l’évidence, la référence au développement durable a permis à certaines ong de se positionner avantageusement sur l’échiquier politique. C’est en tout cas ce que nous inspirent les actions entreprises par l’isa. Cette institution a été en mesure d’acquérir une certaine crédibilité dans le champ politique national et international pour mettre en œuvre, sur le terrain, de nouvelles formes de gouvernance impliquant les communautés locales, le secteur privé, l’État et la recherche scientifique. Ces collectifs d’action devraient favoriser une redéfinition et un ajustement des savoirs locaux aux nouveaux contextes qui s’imposent. Ils restent cependant circonscrits aux territoires institutionnalisés de l’environnement.
* Je remercie Laure Emperaire de m’avoir autorisée à reprendre des données de recherches communes.
Publié le 29/12/2008 à 12:00 par bensaandi
LA NECESSITE D’UN CHANGEMENT RADICAL
On n’oubliera pas d’ici tôt l’an 2008. Une année très riche en événement. On retiendra les moments forts notamment l’élection du premier noir à la présidence d’un super pays comme les Etats-Unis, la splendeur des Jeux Olympiques de Pékin et l’attentat à la chaussure contre Bush. On se souviendra encore des moments les plus difficiles comme la crise immobilière suivie des deux crises financière et économiques. Il y a encore en Afrique la mort de Conté, un homme qui incarnait la terreur et qui a régné dans une dictature sans mesure pendant 24 ans. Ces événements nous poussent à une réflexion profonde du système international qui a montré ses limites.
Cependant que moi, je me limite sur le cas des Comores. Ce pays situé au milieu de l’Océan Indien a connu toutes les péripéties de la vie. Coups d’Etat après coups d’Etat, une crise séparatiste qui a duré 4 ans et l’imputation d’un de ses membres par la France, modèle de la démocratie. Le pays a tout connu sauf le bonheur et une vie seine.
En plus, il y a les troubles intérieures nourries par une constitution complexe, difficile à disséquer. Cette constitution budgétivore participe au ralentissement des chantiers de l’Etat. Elle est tout de même la cause d’une sortie de crise mais ses conséquences sont lourdes.
Je crois qu’il est temps qu’on se saisisse. Il est temps qu’un changement radical soit entrepris en vue d’une modification de nos institutions qui n’arrangent personne, d’au moins la majorité. La nécessité d’un changement est selon moi la seule porte de sortie pour notre pays. On doit d’abord amaigrir la fonction publique en passant par une révision des listes et la définition d’un programme de recrutement. Notre pays est connu par sa méconnaissance des talents qui sont eux la clé de la nation. On ne respecte pas nos ressources humaines. Un pays se vente de ses hommes et ses richesses et non de la pauvreté d’esprit qui prime partout dans nos institutions. Force est de constater qu’il est impératif qu’on recrute les gens par leurs connaissances, non pas par leurs appartenances à un groupe qui se soit.
En suite, une révision de la culture comorienne s’impose en ce moment. Nous ne sommes pas sans savoir que la culture contribue à l’évolution et malheureusement la notre ne fait qui nous tirer vers le bas. Un certain Galbraith disait qu’une culture peut être à l’origine du développement si elle pousse les gens à travailler davantage. Par exemple, il y a dans certaines cultures où l’homme doit beaucoup travailler pour être considéré comme déjà mature. Le jeune doit cultiver des hectares et c’est en fonction des rendements que les sages vont l’accepter comme homme. On souligne que son travail contribue à l’épanouissement des autres membres de la famille et même plus. Une telle culture est à encourager. Mais si on regarde de près la notre, on se rendra compte qu’elle ne contribue que peu dans le développement. C’est vrai qu’elle participe à l’urbanisation dans certaine localité. Mais la question qu’on se pose est de savoir s’il est vraiment besoin qu’on urbanise les localités alors que ceux qui sont sensés s’en servir luttent entre la vie et la mort. Cependant on doit noter que le Anda présente des bénéfices pour certains.
En revanche, ce système féodal à contribuer au déséquilibre social et à l’appauvrissement de certains obligés de s’acquitter de leur dette. L’argent qu’on perd chaque année pouvait servir à un investissement durable générateur de revenu et d’emploi, d’où la relance de l’économie. Ce système que je qualifie de cercle vicieux doit être revu et corrigé. Un changement s’impose dès lors qu’on s’est rendu compte de ses effets qui sont moins appréciables.
Combien des gens ont pu terminer le anda ? Combien sont mort débiteurs ? Combien souffrent des troubles psychiques pour n’avoir pas fait le anda ? Combien des familles humiliées à cause de ce anda ? Combien d’hommes chassés du foyer au lendemain du mariage ? Tant de questions qui méritent des réponses.
Un autre changement doit s’opérer radicalement. Il s’agit du mariage. Partout dans le monde lorsque un homme prétend au mariage il doit tout d’abord avoir un fonds, avoir un foyer où logé l’épouse. Paradoxalement chez nous, c’est la femme qui accueille l’homme dans son foyer. C’est triste de le dire. Si on se posait la simple question suivante, pourquoi 700000 personnes s’opposent à 4 milliards d’hommes ? C’est bizarre par ce qu’on ne le voit nulle part même dans les écritures saintes. On dit croire à Dieu mais j’en doute fort. Dieu lui-même dit que c’est à l’homme de construire son foyer mais le comorien dit le contraire. Dieu dit que l’homme doit hériter le double de la femme, le comorien dit seule la femme a droit à l’héritage. L’islam se veut une religion égalitaire mais le comorien dit non. Notre foi est tellement très faible que nos esprits.
Imaginons le cas où l’homme devait construire son foyer, il serait obligé de travailler et les places publiques seront vides à l’aurore. On ne parlerait plus de sans travail. Je dis bien sans travail par ce que chômeur est celui qui a travaillé ou celui qui a une compétence dans un domaine et qui est à la recherche d’un travail. Tel n’est pas le cas chez nous.
En plus de la valorisation du travail, on verrait le secteur immobilier sortir des cavernes, l’architecture va connaître un boom et donc l’urbanisation de nos localités. Les bénéfices seront nombreux et tout le monde en profitera contrairement à ce système.
Imaginons encore s’il était possible de manger sans travailler, de se loger sans travailler et de satisfaire ses besoins charnels sans travailler, tout le monde resterait oisif. C’est l’exemple du paradis pas besoin du travail, tout y est. Regardons chez nous, il possible de manger, de se loger et de se reproduire sans sortir le moindre franc de la poche. Comment est ce que les gens seront encouragés par le travail ? C’est pour cette raison qu’on constate malheureusement une appréciation du loisir par rapport au travail.
En fin, je ne saurais être parfait dans mon argumentation, mais j’ose croire que l’essentiel était le message à mon avis et je pense que vous allez bien me comprendre
Publié le 29/12/2008 à 12:00 par bensaandi
Les conditions de culture
La canne à sucre
La plantation de la canne à sucre se fait par bouturage, en principe au début ou à la fin de la saison des pluies. Ce travail consiste à couper les tiges des cannes en morceaux en ayant soin de laisser sur chacun d'eux au moins un nœud pour la reprise dans un premier temps, puis, de les planter en terre dans un second temps.
Lors de la récolte, qu'elle soit manuelle ou mécanisée, le rhizome ainsi qu'un morceau de tige faisant apparaître au moins un nœud sont laissés en terre, comme lors de la plantation. Cette opération permet, du fait de la rusticité de la plante, de faciliter sa reprise spontanée. En général les planteurs ont recours à cette méthode et laissent les cannes repousser quatre ou cinq années consécutives ; ce qui permet de conserver des rendements intéressants sans trop appauvrir le sol. En outre, le fait de ne pas avoir à replanter de nouvelles boutures chaque année procure un gain financier et une économie de temps importants.
La canne à sucre se développe dans des températures chaudes s'étalant en principe entre 10°C et 30°C. Par contre, les températures ne doivent en aucun cas descendre en dessous de 0°C car la plante gèlerait. Lors de la phase de maturation, c'est à dire la période au cours de laquelle la plante fabrique le plus de saccharose, les températures peuvent se situer entre 10°C et 20°C.
Les besoins en eau de la canne à sucre se situent en moyenne aux alentours de 1500 mm par an, toutefois, la culture de la canne à sucre peut également avoir lieu dans des régions moins propices si un bon système d'irrigation est mis en place. Le sol doit être riche, lourd et assez poreux pour permettre une bonne pénétration et conservation de l'eau, mais il doit également être bien drainé, afin que le système racinaire de la plante, qui est assez important, se développe dans de bonnes conditions. La canne à sucre s'épanouit bien dans des sols légèrement acides, l'optimal se situant à un pH d'environ 6,5. Toutefois, elle peut supporter des terres, plus acides (jusqu'à 5) ou plus basiques (jusqu'à 8,5).
La croissance de la plante se fait de manière graduelle, assez lente au départ, elle s'accélère doucement jusqu'au début de la phase de mûrissement où le rythme de croissance ralentit de nouveau. La floraison de la canne va dépendre fortement des conditions environnementales et en premier lieu de la quantité d'eau fournie, de la teneur en azote du sol et de la durée quotidienne d'ensoleillement. Cette étape ayant tendance à diminuer le rendement en sucre de la plante, les planteurs la préviennent souvent, soit en plantant des variétés hybrides qui ne fleurissent pas, soit, en pratiquant l'écimage de la plante.
Si ces diverses conditions sont réunies, les plants de canne à sucre arriveront à maturité au bout de 10 et 24 mois selon les régions (la moyenne se situant aux alentours de 16 mois). Ce moment est assez simple à déterminer, il intervient un mois après l'apparition de petites fleurs le long de la tige de la canne à sucre. Elle est alors coupée au plus près du sol (c'est la partie inférieure de la tige qui contient le plus de saccharose) en laissant toutefois au moins un nœud apparent. Cette opération peut se dérouler de manière manuelle quand c'est la tradition dans le pays ou quand le relief ne permet pas le recours aux machines. Une fois coupées, les tiges sont étêtées, débarrassées de leurs feuilles puis entassées sous forme d'andains. Lorsque la récolte se fait de manière mécanique, toutes les opérations de ramassage sont réalisées en un seul passage. Il arrive parfois que les champs soient brûlés avant d'être récoltés afin de les débarrasser des serpents et des rats, mais également pour éviter un important travail de main d'œuvre post-récolte (effeuillage et brûlage des débris végétaux). Ceci engendre toutefois plusieurs inconvénients dont notamment une baisse de la qualité des cannes due aux lésions causées par le feu à la tige ainsi qu'une possible dégradation de la qualité des sols et l'émission de substances nocives dans l'air.
La fragilité des plants de canne à sucre après ramassage explique la rapidité avec laquelle ils doivent être acheminés vers les sucreries et traités (plus le temps de stockage s'allonge, plus la teneur en sucre des plants diminue). A titre d'illustration, des pays industrialisés tels que les Etats-Unis possédant les technologies les plus avancées en matière de transport (route et rail), n'échappent pas à la règle puisque les sucreries se trouvent généralement au plus près des lieux de culture (souvent à moins de cinquante kilomètres).
La betterave sucrière
La betterave est une plante adaptée aux climats tempérés. Elle est plantée en principe au printemps et récoltée à l'automne. La betterave est peu sensible aux températures froides, il arrive toutefois qu'elle gèle si celles-ci chutent en dessous de -5°C. Contrairement à la canne à sucre, la betterave sucrière est multipliée par semences.
Il existe deux techniques différentes de culture.
La première vise à créer des "planchons" de betteraves en pépinières qui sont ensuite repiqués en pleine terre vers la fin de l'hiver en alternant les bandes de plantes mâles et de plantes femelles. C'est la méthode utilisée notamment en Europe. La première année, la racine et les feuilles se développent. Si on laisse la plante en terre après le moment de la récolte, elle commence à fleurir, puis donne des graines. C'est dans ce cas précis, une culture biennale.
La seconde vise, comme c'est le cas en Amérique du Nord, à cultiver la betterave sucrière sur une base annuelle, c'est à dire que les graines sont semées vers le début de l'été à une profondeur de 25mm à 30mm où elles passent tout l'hiver. La graine commence à germer à partir de 5°C et la plante est récoltée au début de l'automne. Au moment de la formation du tubercule de la plante, la température extérieure doit être comprise entre 20°C et 25°C pendant la journée et proche de 15°C la nuit. Le document "la biologie du Beta vulgaris L.(Betterave à sucre)" de l'Agence canadienne d’inspection des aliments auprès du Gouvernement du Canada précise notamment "qu'aux États-Unis, 90 à 95 % de la production de semences est obtenue par culture directe". La betterave est une plante dont la culture requiert une utilisation importante d'eau (600mm à 700mm). Dans le cas où les précipitations ne seraient pas suffisantes pour satisfaire ses besoins, il est possible de compenser le déficit hydrique par la mise en place d'un système d'irrigation. Les sols légèrement alcalins sont les plus adaptés à la culture de la betterave et en particulier ceux à tendance limoneuse ou légèrement argileuse. La culture de la betterave sucrière s'intègre bien dans le cadre d'une politique de rotation des cultures et il est généralement important de laisser un minimum de quatre ans entre chaque culture.
Contrairement à la canne à sucre, la récolte de la betterave est hautement mécanisée. Les betteraves sont tout d'abord débarrassées de leurs feuilles puis sectionnées au niveau du collet, retirées du sol et envoyées vers les râperies.
*Définition du terme planchon d'après l'encyclopédie Hachette en ligne : "Jeune plante issue d'un semis d'été, conservée en silo pendant l'hiver et plantée au printemps pour la production de graines."
Concernant le cycle de croissance de la betterave sucrière, consulter le site internet de l'Institut technique de la betterave et en particulier le document suivant : caractères botaniques - le cycle de la betterave.
Les rendements
Plusieurs critères tels que le climat, la qualité des sols, la satisfaction des besoins en eau (soit naturellement, soit par le biais de l'irrigation) ainsi que la variété de plante cultivée ont une influence sur le rendement.
Le rendement mondial moyen de la canne à l'hectare sur la période 1961-2005 a été 1,8 fois supérieur à celui de la betterave sucrière avec 33 tonnes par hectare pour la betterave, contre 58 tonnes par hectare pour la canne à sucre. En outre, la canne à sucre possède un rendement en sucre plus élevé que celui de la betterave. A contrario, le mode de transformation de la betterave qui fait qu'elle n'a pas besoin d'être raffinée explique en grande partie la croissance très importante de son utilisation depuis le début du XIXème siècle.
La canne à sucre
Le rendement mondial de la canne à sucre a augmenté à un rythme annuel de 0,6% entre 1961 et 2005 passant ainsi d'un rendement de 50 tonnes par hectare en 1961 à 65 tonnes en 2005.
Parmi les principaux pays producteurs de canne à sucre, le Brésil et l'Inde affichent un rendement croissant sur la période (rythme annuel de croissance = 1,2% pour le Brésil et 0,9% pour l'Inde) qui leur permet d'atteindre les niveaux de rendement respectifs à l'hectare de 73 tonnes par hectare pour le Brésil et 62 tonnes par hectare pour l'Inde en 2005.
Parmi les autres pays producteurs de canne à sucre, l'Indonésie affiche le rendement le plus important avec une moyenne annuelle de 102 tonnes par hectare entre 1961 et 2005. Ce rendement suit toutefois une pente descendante depuis le début de la période, enregistrant en moyenne une baisse annuelle de l'ordre de 0,9%. Elle est suivie de près par trois pays dont le rendement annuel moyen sur la période a été supérieur à 80 tonnes par hectare. Ceux-ci sont par ordre d'importance : l'Égypte (97 tonnes par hectare), le Guatemala (85 tonnes par hectare) et les États-Unis (82 tonnes par hectare). Parmi ces trois pays, les États-Unis affichent un rendement très légèrement en baisse sur la période (-0,8% par an environ) et deux sont en progression : l'Égypte avec une augmentation du rendement annuel de 0,9% et le Guatemala avec 2,2%.
Parmi les acteurs prépondérants du marché affichant les rendements les plus faibles (en dessous de 50 tonnes par hectare en moyenne entre 1961 et 2005), on trouve principalement le Pakistan avec 44 tonnes par hectare, puis Cuba avec 40 tonnes par hectare et la Thaïlande avec 47 tonnes par hectare.
La betterave sucrière
Rendements mondiaux et nationaux de betteraves sucrières entre 1961 et 2005 (en t/Ha)
Source : Secrétariat de la CNUCED d'après les données statistiques de l'Organisation des Nations Unies pour l'alimentation et l'agriculture
Le rendement agricole de la betterave a été multiplié par 1,9 entre 1961 et 2005, passant ainsi de 23 tonnes par hectare en 1961 à 44 tonnes par hectare en 2005 avec un rendement moyen de 33 tonnes par hectare sur la période.
Parmi les principaux pays producteurs de betteraves sucrières sur la période 1961-2002, que sont l'ex-URSS, la France, l'Allemagne, les États-Unis, la Pologne, l'Italie et la Turquie, ceux bénéficiant du plus fort rendement sont principalement les pays membres de l'Union européenne ainsi que les États-Unis avec des rendements très largement supérieurs à la moyenne mondiale comme l'indique le graphique du dessus.
Dans l'Union européenne, le rendement de la betterave en fonction de la date de récolte se présente de la manière suivante
Récolte
Septembre
Octobre
Novembre
Décembre
Rendement (tonnes de betteraves nettoyées/ha)
> 3,75
> 1,9
< 1,25
< 1,25
Teneur en sucre (%)
> 1%
> 0,25%
< 0,25%
< 0,75%
Rendement en sucre en kg/ha
> 1000
> 375
> 190
< 60
Source : Farm Management Pocketbook - John Nix - September 1998 extrait du document conjoint de la FAO et de l'European Bank : Agribusiness Handbooks - vol. 4 : Sugar Beets / White Sugar
Concernant la Pologne et la Turquie, ces deux pays se situent dans la moyenne mondiale avec un rendement moyen de 33 tonnes par hectare sur la période. Finalement, la Chine et l'ancien bloc soviétique représenté à partir de 1992 presque exclusivement (90%) par deux producteurs : l'Ukraine et la Fédération de Russie, affichent les rendements les plus faibles des grands pays producteurs avec 21 tonnes par hectare. La Chine est le pays dont le rendement annuel a le plus progressé depuis les années 1960 avec un peu moins de 6% par an atteignant ainsi 26 tonnes par hectare en 2005 contre moins de 4 tonnes par hectare en 1961.
Comparaison des coûts de production du sucre de canne et de betterave
Une des grandes spécificités du sucre est de pouvoir être produit à partir de deux plantes différentes, aussi bien en ce qui concerne leurs lieux que leurs modes de culture.
Proportion des coûts de revient de la canne à sucre comparé à la betterave (base 100) pour différents postes
Au niveau des coûts de production, la canne à sucre est plus compétitive que la betterave : son coût de revient représente environ les six dixièmes de celui de sa concurrente. Ce sont principalement les coûts de culture qui conduisent à cette différence car les coûts de production de la canne sont environ deux fois inférieurs à ceux de la betterave. Plusieurs facteurs jouent un rôle déterminant dans ce processus :
- le niveau moins élevé des coûts de l'énergie de la canne à sucre dû à la possibilité offerte par cette dernière de produire tout ou partie de l'énergie indispensable à sa transformation.
Source : Secrétariat de la CNUCED d'après le Sugar trading manual
- Le niveau de sucre tiré de la plante plus élevé pour la canne (ce qui recouvre non seulement sa culture, mais également sa récolte). Les coûts fixes seront d'autant mieux répartis que le niveau de saccharose extrait sera important. A ce jeu là, le plus performant des producteurs de canne à sucre au monde est l'Australie, avec un rendement en sucre à l'hectare supérieur à 12 tonnes. Son premier concurrent est le Mexique qui affiche un rendement à l'hectare d'environ 9 tonnes.
A prendre en considération encore :
- le coût de la main d'œuvre qui est généralement plus faible dans les zones de production de canne, à l'instar du taux de mécanisation.
- L'explosion de la production de la canne à sucre notamment brésilienne, multipliée par 1,6 entre 1980 et 1985 qui a tiré vers le bas les coûts de production (en une dizaine d'années de 1975 à 1987, la production brésilienne a été multipliée par trois et sa part dans la production mondiale est passée de 14% à 27%).
- L'épandage d'un volume plus important d'engrais dans les zones tempérées productrices de betteraves que dans les zones tropicales et subtropicales qui fournissent la canne.
- Une repousse spontanée de la canne d'une année sur l'autre pendant une dizaine d'années au maximum, alors que les betteraves doivent être replantées chaque année.
Il semblerait, en outre, que l'avantage comparatif de la canne à sucre par rapport à la betterave se soit amplifié au fur et à mesure du temps. En effet, entre la fin des années 1970 et la fin des années 1990, la baisse annuelle moyenne des coûts de production en termes réels de la canne à sucre et de la betterave ont été respectivement de 2,6% et 1,9%.
Les maladies et les ravageurs de la canne à sucre et de la betterave sucrière
- Les principales maladies communes à la canne à sucre et à la betterave sucrière
- Les principales maladies pouvant affecter la canne à sucre
- Les principales maladies pouvant affecter la betterave sucrière
- Les principaux ravageurs pouvant avoir un impact important sur la culture de la canne à sucre
- Les principaux ravageurs pouvant avoir un impact important sur la culture de la betterave sucrière
Pour de plus amples informations sur ces différents thèmes ainsi qu'en ce qui concerne les besoins en éléments nutritifs de la canne à sucre, consulter le document suivant : "appendixculture"
Pour de plus amples informations sur les maladies et ravageurs de la canne à sucre et de la betterave sucrière, se reporter aux sites internet et aux documents suivants :
- Institut technique français de la betterave industrielle (ITFBI) : fiches signalétiques pour différentes espèces (Pour vous diriger vers ce site, cliquer ici, puis suivez successivement les onglets "La betterave à sucre" (marge de gauche) et "Maladies et parasites").
- University of California Statewide Integrated Pest Management Program : Pest Management Guidelines: Sugarbeet.
- Agris.be : le guide de la betterave
Publié le 29/12/2008 à 12:00 par bensaandi
Les conditions de culture
Le blé est une plante qui se développe bien dans une terre argileuse. La topographie du terrain doit être dégagée et légèrement onduleuse afin de fournir un drainage adéquat et faciliter l'utilisation de machines agricoles.
La préparation du sol est importante. La terre doit être nettoyée des mauvaises herbes, labourée afin de l'ameublir, de l'aérer et d'enfouir les éléments de surface et enfin enrichie au moyen d'engrais.
Pour l'emblavage, le choix des semis à planter ainsi que la date à laquelle ils seront mis en terre revêtent une grande importance. Les recherches scientifiques sur le génome du blé, entre autres, ont permis la mise au point de variétés adaptées au besoin du marché en fonction de leur utilisation future et résistantes à certains virus. Pour le blé d'hiver par exemple, semer trop tôt risquerait d'entraîner un levage précoce du blé qui pourrait conduire à l'interruption de sa croissance du fait des gelées.
Pour un bon développement du blé, la température est un facteur important. Elle doit être comprise entre - 6°C et +20°C. L'idéal étant un temps chaud avant la croissance et des conditions d'ensoleillement au cours des étapes ultimes. Les précipitations peuvent varier entre 300 millimètres et 1000 millimètres par an, répartis de manière à fournir beaucoup d'eau à la plante durant sa période de croissance et de fines pluies vers la fin de manière à faire gonfler les grains.
Les différents stades de développement du blé
1- La germination
2- La levée
3- Trois feuilles
4- Début tallage
5- Épi à 1 cm
6- Un nœud
7- Méiose pollinique
8- L'épiaison
9- La floraison
10- Bâillement.
11- Grain formé
12- Épi à maturité
Source : blé hybride HYNO (onglet "le blé en général")
Le germe contenu dans les semis développe une première partie s'ancrant dans le sol pour former les racines et une autre pointant vers la surface, c'est la germination (fig. 1). La température minimale de germination des graines se situe entre 3 et 4°C. Contrairement à d'autres plantes, les racines des céréales ne pénètrent pas profondément dans le sol, elles sont disposées horizontalement. Les premières pousses sont visibles après 10 jours à peine, c'est la levée (fig. 2). La plante commence réellement sa croissance durant les mois d'hiver pour donner de petites pousses en fin de saison. A un même niveau de la tige et à la base de la plante se constitue une touffe herbacée, cette étape est appelée tallage (fig. 4). Commence alors la période dite de "montaison", phase pendant laquelle la plante pousse rapidement si le temps et l'humidité le permettent et au cours de laquelle elle met de nouvelles feuilles. Il convient, à ce stade, de la protéger contre les insectes et les maladies ainsi que de lui apporter une dose d'engrais à base de matières azotées. Fin mai l'épi se forme, c'est "l'épiaison" (fig. 8). La floraison ne débutera que lorsque la température dépassera les 14°C (fig. 9). La période de maturation des grains requiert de la chaleur et un temps sec, elle se fera dorénavant en plusieurs étapes, la maturité laiteuse (le grain contient encore 50% d'humidité et le stockage des protéines touche à sa fin), la maturité jaune (le grain à perdu en humidité et l'amidon a été constitué), la maturité complète (la teneur en humidité atteint environ 20%), le grain est mûr et prêt à être récolté (fig. 12), c'est alors la période des moissons.
Lors de la récolte, il faut faire attention à ne pas endommager les grains car c'est en fonction de leur bon état ainsi que de celui des sacs utilisés pour leur transport (qui doivent être traités en cas de besoin) et enfin du choix des entrepôts (qui doivent répondre à des conditions très strictes d'aération, de protection contre l'humidité et contre les attaques de tous ordres) que dépend leur bonne conservation. Toutes ces précautions sont d'autant plus importantes que les grains peuvent être stockés sur de longues périodes grâce à leur faible teneur en eau au moment de la récolte.
Si l'on se réfère à des études et des projections faites par l'Organisation des Nations Unies pour l'alimentation et l'agriculture (FAO), les besoins en blé tendre devraient s'accroître encore dans les années à venir, pour atteindre environ 1000 millions de tonnes en 2020. Pour être apte à satisfaire cette demande, la production mondiale devrait progresser à un rythme annuel supérieur à 2%.
Calendrier des semis et des moissons de blé dans différents pays
Source : Secrétariat de la CNUCED d'après l'ouvrage du Cyclope : "le blé" de J-P. Charvet
Les rendements
Le blé est avec le riz, un aliment de base de l'alimentation humaine. Les rendements mondiaux ont évolué rapidement durant la deuxième moitié du XXème siècle, principalement sous l'impulsion des progrès techniques et des innovations apportées au niveau des méthodes de production (automatisation, engrais...).
Évolution des rendements de blé à l'hectare
entre 1961 et 2005 en tonnes
Source : Secrétariat de la CNUCED d'après les données statistiques de l'Organisation des Nations Unies pour l'alimentation et l'agriculture (FAO)
Note : Axe premier : pays; axe secondaire : monde
Parmi les pays affichant une production significative (supérieure à un million de tonne), l'Ethiopie est l'État dont les rendements sur la période 1961-2005 sont les plus faibles avec 1 tonne environ par hectare. En comparaison, l'Allemagne avec une production de plus de 13,4 millions de tonnes sur la période 1961-2005, affiche un rendement à l'hectare de 5,4 tonnes/hectare.
Le rendement mondial moyen est de 2 tonnes/ha. D'un point de vue historique, il y a eu une importante progression des rendements depuis les années 1960. Au niveau mondial, la moyenne était de 1,1 tonnes/ha en 1961, ce qui représente une progression de l'ordre de 145% en l'espace de quarante ans. Parmi les régions productrices, c'est l'Union européenne des 15 qui présente les plus hauts rendements avec sept pays se classant parmi les dix plus productifs.
Classement des vingt-cinq premiers pays à travers le monde par leur rendement sur l'année 2005
Pays
Rendement
(t/ha)
Pays
Rendement
(t/ha)
Namibie
8,89
Luxembourg
5,83
Pays-Bas
8,72
République tchèque
5,53
Belgique
8,27
Arabie Saoudite
5,19
Irlande
8,11
Autriche
5,03
Royaume-Uni
7,99
Mexique
5,00
Allemagne
7,40
Slovénie
4,70
Denmark
7,16
Slovaquie
4,52
Nouvelle-Zélande
7,10
Norvège
4,52
France
6,98
Hongrie
4,49
Egypte
6,49
Chili
4,41
Zambie
6,43
Malte
4,27
Suède
6,33
Chine
4,22
Suisse
6,05
Source : Secrétariat de la CNUCED d'après les données statistiques de l'Organisation des Nations Unies pour l'alimentation et l'agriculture (FAO)
Les maladies et ravageurs du blé
Quelques exemples de maladies du blé
- Le piétin échaudage - Gaeumannomyces graminis,
- le piétin verse - Gaeumannomyces graminis,
- les septorioses - Septoria tritici & Septoria nodorum,
- helminthosporiose - Helminthosporium,
- les rouilles (rouille brune, noire et jaune),
- Oïdium - Erysiphe graminis,
- Fusarioses - Fusarium,
- Carie - Tilletia tritici,
- Le charbon.
Pour de plus amples informations concernant ces différentes maladies du blé, consulter le fichier .pps suivant : maladies.
Pour un aperçu photographique des différents types de champignons, consulter le site internet de l'INRA (Institut national de la recherche agronomique) :
- rouille brune sur blé tendre d'hiver,
- urédosores de rouille brune sur limbe de feuille de blé à l'épiaison,
- urédosores de rouille brune sur feuille de blé en fin d'hiver,
- rouille jaune sur feuille de blé tendre d'hiver,
- stries de Rouille jaune sur feuilles de blé,
- urédosores groupées sur limbe de feuille d'une jeune plante de blé,
- rouille jaune sur feuille de blé tendre d'hiver.
Quelques exemples de ravageurs du blé
- La jaunisse nanisante de l'orge (J.N.O)
- Les zabres
- Les destructeurs de récolte entreposée
Pour de plus amples informations concernant ces différentes maladies du blé, consulter le fichier .pps suivant : ravageurs.
Pour de plus amples informations sur les insectes ravageurs pouvant s'attaquer aux produits stockés et à la salubrité des grains, se reporter au site internet de la Commission canadienne des grains.
Une liste complète mais non exhaustive des ravageurs et maladies ainsi que des moyens de lutte peut être consultée auprès du site internet de la société V.I.S.A en cliquant sur le lien suivant : programme de protection des semences de ferme.
Publié le 29/12/2008 à 12:00 par bensaandi
Le cycle de fabrication
Source : Secrétariat de la CNUCED
Étapes préliminaires à la fabrication
Le pesage se déroule sur un pont à bascule. Après la pesée, un échantillon du chargement est prélevé afin d'être analysé. On cherche, par cette opération, à évaluer la qualité du blé par la détermination de certaines caractéristiques telles que la teneur en eau, l'indice de chute Hagberg, le taux d'impuretés, le poids spécifique (PS) ou la teneur en protéines. La cargaison sera déchargée dans le cas où le blé livré correspond aux engagements figurant au cahier des charges. Si tel est le cas, la mise en silos pourra s'effectuer ainsi que le nettoyage des grains. La mise en silos crée un important dégagement de poussière. Celle-ci est aspirée et éliminée à l'aide d'appareils tels que l'épailleur ou le tarare. C'est la première phase de nettoyage du blé. Puis, différents appareils vont retirer toute la poussière, les débris de roches, de graines, de paille ainsi que de métaux ferreux qui peuvent encore s'y trouver. Il ne reste, une fois ces opérations terminées, plus qu'à mouiller les grains de blé afin de faciliter le retrait du son, enveloppe qui protège l'amande, principal élément servant à la fabrication de la farine. Pour cela, on fait monter le taux d'humidité des grains à 15% environ.
L'opération à proprement dite de transformation des grains de blé en farine se nomme la mouture. On utilise pour arriver au produit final la partie appelée "amande" du grain en la réduisant en poudre.
La mouture
Source : Secrétariat de la CNUCED
Pour de plus amples informations, consulter le site internet de : meunerie.com.
La mouture est la phase durant laquelle sont produites la farine (qui servira plus tard à l'élaboration du pain) et la semoule qui sera principalement utilisée pour fabriquer des pâtes alimentaires ou conserver en l'état pour entrer dans la composition de plats tel que le couscous ou le taboulé par exemple.
Pour de plus amples informations sur les diverses utilisations du blé, se reporter à la partie "utilisations".
L'agriculture biologique
Ce mode de production agricole trouve son essence dans une volonté de soutenir l'environnement ainsi que la santé des Hommes et des animaux. Le principal objectif de l'agriculture biologique est d'optimiser la santé et la productivité d'entités interdépendantes que constituent la vie des sols, les plantes, les animaux et les êtres humains.
Les systèmes de production biologique reposent sur des normes spécifiques et précises de production dont l'objectif est de réaliser les meilleurs agrosystèmes possibles, qui demeureront durables sur le plan social, écologique et économique. Un cahier des charges contraignant est distrinué par l'organisme certificateur de la production biologique. Le respect du cahier des charges est obligatoire et son contrôle est strict et régulier (au moins une fois par an), réalisé par l'organisme certificateur. Les organismes certificateurs sont agréés auprès de l'Etat et sont les seuls à pouvoir délivrer la dénomination de produit biologique (ou "produit issu de l'agriculture biologique" au sein de l'Union européenne). L'obtention d'un produit biologique ne s'arrête pas aux barrières de l'exploitation. En effet, dans le cadre de ce créneau de marché, tous les acteurs de la filière de transformation sont impliqués et doivent se conformer aux règles de l'agriculture biologique tant au niveau de la production, que de la transformation ou du commerce de détail afin de maintenir l'intégrité du produit. Ainsi, un pain qualifié de biologique ne devra avoir été fabriqué qu'à partir de produits issus de l'agriculture biologique.
- Au niveau de l'exploitation : l'agriculteur s'engage à ne pas avoir recours à des apports extérieurs du type engrais de synthèse, boues de stations d'épuration ou pesticides. A ceux-ci, il préferera l'utilisation de systèmes culturaux tels que la rotation des cultures, l'association culturale, l'utilisation d'engrais organiques ou la lutte biologique. De même, l'inscription dans une ligne biologique prévient le recours aux OGM ainsi qu'à leurs dérivés.
Agriculture conventionnelle
Agriculture biologique
Fertilisation
- Engrais solubles obtenus par synthèse chimique,
- boues des stations d’épuration,
- farine de corne*,
- farine de sang*,
- fumiers*,
- effluents liquides* (lisiers, urines).
- farine de corne*,
- farine de sang*,
- fumiers*,
- effluents liquides* (lisiers, urines),
- les apports de minéraux d’origine naturelle tels que la craie ou le sulfate de calcium (gypse) par exemple.
Lutte contre les adventices (mauvaises herbes)
- Herbicides d'origine industrielle
Méthodes également utilisées mais non obligatoires:
- rotations des cultures,
- cultures nettoyantes et étouffantes,
- alternance de cultures d'hiver et de printemps,
- faux semis,
- désherbage possible par hersage ou binage.
En agriculture biologique, ce type de lutte se fait à travers des méthodes préventives :
- rotations complexes,
- cultures nettoyantes et étouffantes,
- alternance de cultures d’hiver et de printemps,
- faux semis.
Le désherbage dit destructif est réalisé par hersage, binage, désherbage manuel et thermique.
Lutte contre les maladies et ravageurs
- Pesticides d'origine industrielle
Méthodes également utilisées mais non obligatoires:
- développement variétale (notamment à croissance plus lente),
- bonne gestion de la rotation des cultures,
- préparations végétales et minérales,
- protections physiques, répulsifs. - Développement variétale (notamment à croissance plus lente),
- bonne gestion de la rotation des cultures,
- préparations végétales et minérales,
- protections physiques, répulsifs,
- lutte biologique.
Différence dans les rendements (exemple de la France)
- 7,4 tonnes par hectare de blé en 2002
- taux de protéines du blé de plus de 12% (13% en 2002 et 63% en 2003).
- 3,6 tonnes par hectare
- taux de protéines du blé de 10% en moyenne avec une très forte variabilité.
*Sont autorisés en conventionnel et en biologique sous réserve de traitement thermique approprié et d’origine (non issus de matériels à risques spécifiés et de cadavres).
Source : Secrétariat de la CNUCED d'après les documents suivants :
- Evaluation des risques et bénéfices nutritionnels et sanitaires des aliments issus de l’agriculture biologique (28 avril 2003) - Agence française de sécurité sanitaire des aliments (AFSSA)
- Association générale des producteurs de blé et autres céréales (AGPB) - Humeur de blé, édition n°157 d'octobre 2003
L'agriculture raisonnée, parfois assimilée à tort à l'agriculture biologique, est un mode de pratiques culturales qui tente d'intégrer les problèmes environnementaux liés à l'activité agricole, et d'y remédier autant que faire ce peut. Ce n'est pas une agriculture à part à proprement parlé, mais plutôt une réflexion et un souci de la part du producteur souhaitant poursuivre sa pratique agricole, tout en ménageant au mieux son outil de production et en palliant les nuisances qui y sont liés. La rotation des cultures, l'utilisation d'engrais biologiques autant que possible et surtout leur proportion par rapport aux besoins de la terre et un travail de la terre plus important sont des exemples de pratique de l'agriculture raisonnée.
Pour de plus amples informations concernant ce thème, se reporter aux sites internet suivants :
- Directives concernant la production, la transformation l'étiquetage et la commercialisation des aliments issus de l'agriculture biologique (GL32–1999, Rév.1-2001) - Codex alimentarius
- Agence française de sécurité sanitaire des aliments (AFSSA)
- Fédération internationale des mouvements d'agriculture biologique (IFOAM)
Les Organismes génétiquement modifiés (OGM)
Bien que des recherches et certaines cultures de blé OGM aient commencé, la majeure partie des superficies cutlivées dans ce domaine à travers le monde sont constituées de soja, de maïs et de coton.
Pour de plus amples informations concernant cette thématique, consulter la partie "technologie" de la fiche sur le maïs.
Glossaire
L'indice de chute Hagberg est incontournable si l'on souhaite déterminer l'activité amylasique. Cela permet de déceler la présence de grains germés et donc un excès d'activité.
Le poids spécifique donne aux meuniers une indication sur la quantité de farine contenu dans le grain.